Dans Nagori, la nostalgie de la saison qui vient de nous quitter, Ryoko Sekiguchi réfléchit à l’effet du passage des saisons sur l’être humain. Mot japonais, le nagori fait référence à l’empreinte laissée par les vagues en se retirant mais aussi à un état d’esprit doux-amer proche du fameux saudade portugais, si bien mis en musique dans le fado. Passés les premiers frémissements de la saison nouvelle et l’intensité écrasante de la pleine saison, le nagori est donc fait des traces de la saison qui s’attarde et qu’on tente de retenir encore un peu.
L’autrice ancre ce concept dans l’univers culinaire pour mieux l’illustrer. Elle nous montre comment un aliment se renouvelle en fonction de la progression de la saison, comment la cuisine parvient à les transformer pour les faire durer ou même, faire cohabiter plusieurs saisons ensemble.
J’ai pris beaucoup de plaisir à parcourir cet ouvrage. Le style d’écriture de Ryoko Sekiguchi réussit à être poétique tout en nous donnant l’impression de débattre avec une amie. Chaque chapitre trouve pleinement sa place dans l’ouvrage, en faisant avancer le lecteur dans ses réflexions. Le tout regorge d’anecdotes intéressantes, principalement sur la cuisine, mais aussi plus généralement sur la place des saisons dans les cultures japonaises, françaises et italiennes.
Réfléchir sur le passage du temps amène irrévocablement à s’interroger sur la mort et la vie des êtres vivants. Toutefois, l’ouvrage parvient toujours à rester léger, même lorsqu’il évoque des événements dévastateurs, à l’image des tsunamis ayant déferlé sur le Japon en 2011.
Débordant de fraîcheur, Nagori porte pourtant bien son titre. Il laisse en effet paraître la nostalgie de l’auteur pour son année de résidence à la Villa Médicis, point d’origine de ses réflexions pour ce livre. Il laisse aussi une impression doucement mélancolique au lecteur qui le referme.
Pour résumer, Nagori est un petit bijou de contemplation. Je ne peux que le recommander !
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