Kuko, quinze ans, se force à se montrer « forte, enjouée et courageuse ». Elle est entourée de jeunes hommes de son âge : Kiyo, un ami d’enfance enjoué, Outa, un étudiant en art attentionné, ou encore un énigmatique garçon à l’accent étranger et qui lui tape sur le système.
Selon son amie Ibu, la chose est entendue : Kuko en pince pour Outa, ne voit pas l’amour que Kiyo lui parte et va bien sûr finir avec le mystérieux garçon. Pour Kuko, rien ne saurait être moins vrai. Certes, Outa et le garçon ont comme point commun de voir derrière son sempiternel sourire mais, avec son attitude belliqueuse, l’inconnu confronte Kuko à la réalité bien plus radicalement qu’Outa. En effet, Kuko cache une immense souffrance intérieure.
Ce premier tome de la série en dévoile peu sur les raisons de la douleur de Kuko. Son personnage en devient plus attachant. On la voit osciller entre fragilité et fortitude. On la voit triste et se forcer à sourire malgré tout pour ne pas inquiéter ses proches. Elle parcourt la ville et prend des photos pour son blog dans des positions plus invraisemblables les unes que les autres.
Sans aller jusqu’à dire que la représentation de ces photos et de leurs cadrages farfelus est artistique, elle pousse néanmoins à s’attarder sur les dessins de Nagamu Nanaji. Ces derniers nous livrent des décors urbains soignés et des chats plus vrais que nature, qu’on a plaisir à découvrir ici ou là au coin d’une page. L’esthétique des personnages est plus conventionnelle mais réussie.
Ces personnages sont nombreux : les trois garçons gravitant autour de Kuko, son amie Ibu, un couple d’artistes Ran et Una, le père de Kuko…et jusqu’à un vieil homme croisé dans les rues et surnommé le Vieux Homard. On s’y perd un peu au début mais on s’y fait vite car tous les personnages ne sont jamais présents au même moment au même endroit. J’ai beaucoup apprécié le personnage d’Ibu qui rompt le quatrième mur en annonçant comment risque de se dérouler les histoires de cœur de la protagoniste, sur la base de ce qui arrive communément dans les mangas.
La ville est également un personnage omniprésent : Kuko passe le plus clair de son temps à l’extérieur. La carte de Kobe présentée en fin d’ouvrage ne fait que conforter cette importance.
En résumé, Moving forward est un manga mystérieux, qui donne envie d’arpenter les rues de Kobe avec leurs protagonistes, d’en apprendre plus sur leurs secrets et, pourquoi pas, de croiser quelques félins au passage.