Li ne reverra plus la province de son enfance, ni ses montagnes... Elle est vendue à Shanghai par son frère qui l'a perdue aux jeux.
Désormais, elle appartient à l'Honorable Zhang Xi Shun, dirigeant de la triade « la Bande verte » qui domine la ville. Elle travaille d'abord en cuisine, et parce qu'elle aime le dessin, son célèbre maître la remarque et se passionne pour elle. Adorant l'art et surtout la peinture, il lui donne une éducation, et fait d'elle une jeune femme cultivée et raffinée.
C'est le Shanghai des années 20, celui de l'opium, des fumeries et des bordels, du jeu, des trafics en tout genre. Les Européens présents ne sont pas en reste. Et le Japon est menaçant.
Agréablement surprise par cette histoire, on affectionne cette petite Li, arrivant dans une ville inconnue. D'abord violée, elle va connaître malgré la froideur de son maître une véritable nouvelle vie. Li est élevée par un eunuque mais au milieu d'un monde masculin brutal.
Le couple Maryse et Jean-François Charles nous offre là une belle fresque de la Chine du début du vingtième siècle. L'empire y est décrit et dessiné élégamment. Il n'y a pas de tricherie. Tout y est. Les femmes y sont sculptées avec beaucoup de finesse. Les décors de la Chine valent le coup d’œil. Quant au scénario, rien ne manque. De l'histoire des eunuques à la mafia chinoise, la violence d'un milieu à feu et à sang au milieu duquel règle le trafic d'opium, tout y est décrit sans blabla. Un bon point également pour le lexique en fin d'album nous expliquant les thèmes principaux de cette période sans oublier l'histoire de la natte chinoise.
Nous nous doutons fortement que le personnage de cette petite Li prendra de l'épaisseur dans le second tome, et qu'elle n'a pas fini de nous étonner. A suivre.
