Au Pirée, le capitaine Eric van Stabel, commandant la frégate française Scylla, embarque à son bord une cargaison particulièrement dangereuse : deux jeunes femmes, Hélène de Montmagner et sa suivante Amélie, et des caisses d'or et d'armes destinées aux insurgés américains. Il est supposé délivrer le tout à Boston. Malheureusement, à la longueur du voyage et aux périls de la mer risque de s'ajouter une forte opposition anglaise : le capitaine van Stabel est informé que deux frégates ennemies au moins sont embusquées sur sa route.
Sans qu'il en soit informé, son équipage aussi est inquiet. Il ne craint pas spécialement l'ennemi, mais le diable qui, d'après le quartier-maître Gaspard, rôde à bord, et tuerait des femmes à chaque port où la Scylla fait relâche. De plus, la présence de femmes à bord porte malheur, comme le savent bien tous les marins. Il semble bien que leurs craintes soient fondées, car l'un des jeunes mousses, Maturin, est retrouvé assassiné peu après le départ du Pirée.
Le capitaine charge ses jeunes enseignes de vaisseau, Georges Verlanger et Christian de Saint-Preux, de mener l'enquête.
Pour qui cherche un roman policier bien ficelé dans un contexte original, voilà une bonne indication ! En effet, l'histoire racontée ici tambour battant par Nicolas Cluzeau a de nombreux aspects positifs pour plaider en sa faveur. Les personnages sont variés et globalement intéressants, et l'introduction du dignitaire turc est parfaitement justifiée, tout en apportant une touche d'originalité bienvenue. L'humour ne manque pas non plus, grâce notamment au carnet du jeune Maturin et à la personnalité un peu caricaturale de Christian de Saint-Preux. L'enquête est scandée par les impératifs d'un vaisseau du Roi en guerre, ce qui lui donne un rythme particulier.
Dans les aspects que j'estime pour ma part discutables, il y a justement le fait que l'intrigue policière se dénoue en pleine bataille navale, ce qui ne m'a guère paru plus crédible que l'ignorance du capitaine sur ce qui se raconte à bord à propos de son navire. L'aspect "aventures maritimes" m'a ici paru un décor plus qu'autre chose, et je crains que les lecteurs assidus de C.S. Forester, Patrick O'Brian, David Donachie ou Alexander Kent, restent sur leur faim.
En revanche, les amateurs de polars, notamment ceux situés dans un contexte historique, apprécieront très probablement ce roman vite lu, qui constitue incontestablement une lecture fort plaisante.