Le roman commence par une conversation entre Kihrin et Serre, sa geôlière. Celle-ci lui demande de raconter son histoire. Les chapitres vont alterner entre l'histoire racontée par Kihrin, à la première personne, et l'histoire racontée par Serre, à la troisième personne du singulier.
Serre raconte comment Kihrin, adolescent, simple voleur, fils adoptif d'un musicien, va découvrir qu'il est bien plus que cela. Lors d'un cambriolage, il surprend un complot qui va le mettre dans une position bien délicate. Il vole également un bijou qui va avoir une immense influence sur le cours de sa vie, ainsi que sur tout l'Empire.
Kihrin, quant à lui, raconte comment, devenu esclave (on ne sait pas combien d'années plus tard), il réussi à échapper aux griffes d'un terrible mage. Il est acheté par des vané, ces êtres immortels emplis de pouvoirs.
Les chapitres, assez courts, s’enchaînent à un rythme effréné. On a à peine le temps de reprendre son souffle qu'un autre rebondissement surgit au coin d'une page. Il y a une quantité importante de personnages, hommes, femmes, dragons, démons, vané et autres êtres au nom impossible à retenir. Mais chacun n'est finalement pas ce que l'on croyait. Kihrin n'est pas un simple garçon des villes, voleur et chanteur, ce n'est rien de plus que le fils caché du Prince Héritier ! Mais l'est-il vraiment ? Et son père adoptif, simple musicien, n'est-il vraiment que cela ? Et Ola, sa mère adoptive, qui tient une Maison de Velours, n'est-elle vraiment qu'une simple maquerelle ? Et Miya, seulement simple domestique du Palais ? Et je pourrai continuer comme cela mais la liste des personnages qui ne sont pas ce qu'ils semblent être est sans fin. Chacun est au final le fils, la fille, le père, la mère, le neveu, l'oncle, le grand-père, le grand-oncle d'un autre sans le savoir. Mais ce n'est pas complètement sûr non plus... Chaque chapitre apporte son lot de surprises, de révélations, et au fil des pages, l'intrigue se complexifie de plus en plus, d'autant plus que les actions se passent à des moments différents, sans qu'on ait vraiment toujours de notion de temps.
Et puis il y a aussi Serre, la geôlière, qui est métamorphe. Elle peut prendre l'apparence de n'importe qui et ne s'en prive pas. Souvent, donc, les personnages ne sont pas eux, il s'agit de Serre qui, pour satisfaire de sombres desseins, prend l'apparence des autres pour les piéger.
A partir de la moitié du roman, j'ai commencé à perdre pied, à ne plus rien comprendre après une énième révélation sur un personnage qui n'est pas qu'un simple tenancier de bar, mais rien moins qu'un Roi immortel âgé de plusieurs centaines d'années. Kihrin se trouve alors sur une île, prisonnier malgré lui d'un dragon qui ne veut pas le laisser partir (Je n'ai pas vraiment compris pourquoi...). Mais il n'est pas seul, les vané l'ont amené ici pour sa sécurité, pour échapper au terrible mage qui voulait l'acheter pour le tuer, ou pour voler sa Pierre des Entraves (on ne sait pas trop). Le jeune homme apprend que ce bijou, qui ne quitte jamais son cou, a un pouvoir très fort, et très rare, et beaucoup de personnes aimeraient entrer en sa possession. Mais le bijou étant magique, ce n'est pas si facile que cela.
Vous l'aurez compris, c'est un univers très vaste, très dense, avec énormément d'imagination, de magie, de fantasy, mais aussi de clichés, de mots inventés, et il faut courir à la fin du livre pour chercher dans les dix pages de lexique à quoi cela correspond - ce que j'ai vite arrêté de faire... Il y a aussi les notes de bas de pages, qui sont les réflexions menées par on ne sait qui, qui apportent parfois un éclaircissement sur une situation, un détail historique, ou juste un commentaire ironique. Était-ce vraiment utile ?
L'autrice sait dans quel monde ses personnages évoluent, mais c'est plus difficile pour le lecteur de ne pas s'y perdre. L'écriture manque de fluidité, on a la sensation que l'autrice a tant d'imagination qu'elle n'arrive pas à la canaliser pour réussir à transcrire son univers de façon simple. Les mots se bousculent comme des rochers dans une avalanche. On sort de cette lecture un peu essoufflé (Je n'ai personnellement pas envie de lire la suite).
Il y a tout de même de bonnes choses dans ce roman plein d'ambition : un univers riche, complet, complexe, réfléchi, des personnages nombreux et bien décrits, de belles trouvailles, de la magie, une imagination débordante, de belles relations entre certains personnages. Ce roman peut plaire aux amateurs de fantasy riche et complexe.