Les Chroniques de l'Imaginaire

Les Naufragés de la Méduse - Bordas, Jean-Sébastien & Deveney, Jean-Christophe & Bordas, Jean-Sébastien

Paris est une ville qui attire les artistes, en l'an 1817. Un an après le naufrage de la Méduse, et les répercussions que l'accident a eu sur les échecs de la monarchie, c'est Théodore Géricault qui revient d'Italie, après avoir trouvé ce qu'il cherchait, d'un point de vue pictural, avec les oeuvres de Michel-Ange et d'autres maîtres italiens. A présent, Théodore a un projet en tête, qui est de mettre en image les récits des survivants du naufrage de la Méduse...

Car c'est en 1816, le 2 Juillet exactement, que le bateau a échoué sur un banc de sable qui était pourtant bel et bien présent sur toutes les cartes maritimes. C'est le capitaine Chaumareys, monarchiste convaincu qui n'a pas navigué alors depuis plus de vingt ans, qui est au commandement du navire, lequel ne naviguait pas seul, puisque trois autres navires l'accompagnaient. Rapidement, les seconds se rendent compte de la suffisance de Chaumareys.

Bien entendu, l'accident a eu un immense retentissement à l'époque. Un retentissement encore plus grand lorsque la population a appris que cent-cinquante personnes ont dû prendre place sur un radeau de fortune, alors même que de la place était encore disponible sur les canots des passagers de haut rang. Le périple sur ce radeau a duré treize jours, et une quinzaine seulement ont pu y survivre, non sans avoir connu les affres de la peur, du froid, de la faim et de la soif, allant même jusqu'à manger les cadavres de ceux qui y sont passés avant.

Le livre de Jean-Sébastien Bordas et de Jean-Christophe Deveney montre non seulement toute la dramaturgie du naufrage, mais également l'enquête que mènera Théodore Gericault lui-même, notamment auprès de survivants du naufrage, pour s'imprégner des lieux, de l'émotion. Le peintre n'hésitera pas à se rendre dans les morgues, allant jusqu'à amener des membres de cadavres dans son atelier, afin d'approcher ses couleurs au maximum des vraies couleurs d'un cadavre...

Les auteurs racontent aussi la vie dissolue de l'auteur, et ses aventures avec la femme d'un de ses oncles. Théodore Gericault a eu un fils de cette dernière, qu'il n'aura jamais aperçu de toute sa vie, qui fût d'ailleurs courte, même pour l'époque.

C'est chez Casterman que paraît Les Naufragés de la Méduse, un one-shot qui nous raconte donc bien des éléments qui sont à connaître autour du Radeau de la Méduse, l'une des toiles les plus imposantes et importantes que l'on peut voir au musée du Louvre. Les auteurs racontent également énormément de choses sur le contexte politique d'alors, rendant le récit encore plus prenant et envoûtant.

Les dessins de Jean-Sébastien Bordas ne sont nullement étrangers à cela : c'est soigné, avec des couleurs directes éclatantes, qui sont absolument magnifiques. Ce one-shot est à posséder absolument, pour tout fan d'Histoire, qui sera désireux d'en savoir un peu plus sur un naufrage hallucinant, un peu comme ce qu'on avait pu voir dans Les Oubliés de Tromelin, de Sylvain Savoia.