Damien est un jeune guitariste, passionné d’Elvis et des Guns ‘N Roses. Un jour, il intègre par hasard un nouveau groupe, Dark Moon, après s’être fait violemment éjecter de sa formation précédente pour cause de népotisme. Ce sera la révélation. Il s’entend à merveille avec les autres membres de Dark Moon et parvient même à y faire entrer son meilleur ami, Luc. L’alchimie bat son plein entre les jeunes musiciens et leur permet de convaincre un grand studio de sortir leur premier album. Concerts dans de grandes salles, hordes de groupies déchaînées, remise de prix et invitation à l’Élysée, le succès est au rendez-vous pour le groupe.
Néanmoins, l’envers du décor est moins brillant et beaucoup plus rock’n’roll : orgies mal vécues, drogues, automutilation, dépression… Pour Damien, qui ne connaît pas son père et est différent – hypersensible, haut potentiel, il a refusé les diagnostics –, le succès rime avec dérapage. Et c’est sans compter les manigances de certaines personnes qui aimeraient bien profiter de l’aura de Dark Moon, comme Mathis de Fontenoy, directeur du cabinet de la ministre de la Culture.
Ce roman adopte un style biographique. Narré par son personnage principal, il nous fait part de ses déboires, de sa montée vers le succès en même temps que sa descente aux enfers psychologiques avec l’exacerbation de ses faiblesses et plus encore l’exposition de certains non-dits familiaux. Sa famille, ses amis, ses amours sont au cœur du récit, tout comme le rock. Je me considère personnellement comme une fan de rock, et même plutôt de vieux rock. Malheureusement, il y a quelque chose qui m’a toujours agacée dans la littérature sur le rock, c’est son côté gouailleur, son côté écrit à l’arraché et mélodramatique à outrance. Alors oui, le rock, ça peut être ça mais il y a aussi tout un pan plus mystérieux, plus onirique et tout aussi viscéral, qui est assez peu mis en valeur par ce genre d’écrit. On peut décrire l’intensité primale du rock autrement que comme si on avait gardé des cochons ensemble. Ce livre s’inscrit cependant dans la tradition de la littérature sur le rock. Le style de l’auteur est très parlé, son personnage principal torturé à souhait et un peu prétentieux n’hésite pas à interpeller le lecteur familièrement. Les scènes de sexe pullulent… En fait, elles sont bien plus nombreuses que celles où Damien joue de son autre instrument, la guitare. On ne peut pas tenir rigueur à l’auteure de respecter les codes du genre mais personnellement, ceux-ci ne me plaisent pas tant que ça. Les scènes de provocation de Damien, par exemple à l’Élysée, frôlent la comédie à la Spinal Tap… mais j’ignore si cela est volontaire ou non. À d’autres moments, le récit pourrait presque se faire passer pour l’authentique autobiographie d’un jeune rockeur tant l'auteure maîtrise la cohérence de son personnage.
Pourtant, le roman tente d’être touchant. Le rock n’est presque ici qu’un décor pour raconter la confrontation de Damien à ce père fantasmé, qui pourrait ne pas être à la hauteur de ses attentes, et son affranchissement de ce passé trouble. Le livre commence par une forme de renaissance de son protagoniste. Les relations de Damien avec les autres personnages sont décrites avec soin et pleines de tendresse. Sa romance avec Abby donne lieu à des scènes un peu plus fleur bleue que celles du reste du roman mais malheureusement souvent couplées à des scènes érotiques.
En résumé, je ne pense pas être le bon public pour ce livre car le style, fidèle aux canons du genre, ne me convient pas et ne m’a pas permis d’accrocher à l’histoire. Je conseille ce livre aux amateurs de romance contemporaine sur fond de rock, en particulier s'ils aiment les personnages travaillés ou s'ils ont lu d'autres ouvrages de l'autrice. Damien est en effet le spin off d'une série, Gueule d'Ange, consacrée à l'un des autres membres du groupe Dark Moon.