Pour son dernier numéro comme rédacteur en chef de Galaxies-SF, Jean-Pierre Fontana propose un dossier sur l'imaginaire dans la chanson française. Le sujet est vaste, d'autant que la définition qu'il retient du mot imaginaire englobe énormément de choses, de la science-fiction pure aux contes de fées en passant par les utopies politiques en tous genres. Son panorama, nécessairement contraint par des limites de taille, se limite donc plus ou moins à une énumération de titres et de paroles, sans tentative d'analyse historique, sociologique ou musicologique. Le meilleur moyen de profiter de cet article consiste sans doute à le lire avec votre plateforme d'écoute en streaming favorite à portée de main.
Ce dossier est précédé dans le sommaire de douze nouvelles, dont deux réservées à l'édition électronique du magazine. Il s'agit de La Pharce de Maître Apfelstrudel de Jacques Périer-Defrenne, une pièce de théâtre potache sur la colonisation planétaire, et Augmentations de Line le Goff, une finaliste du concours Alain le Bussy 2019 qui représente sous forme de dialogue les tensions d'un futur où l'être humain peut choisir d'être augmenté de manière biochimique ou électronique, thème classique mais traité avec efficacité. Un autre candidat du concours est repris dans ce numéro : Alban Cambe, avec Portail Salles : 20 ans après. Sous une forme originale, celle d'une retranscription d'un documentaire télévisé fictif, cette nouvelle raconte les conséquences d'une découverte mystérieuse effectuée par un humble professeur de lycée.
Parmi les autres textes, j'ai particulièrement apprécié la lecture de Illuminata d'Alain Grousset, un joli conte plein de poésie et de légèreté. C'est sans doute parce qu'il figurait entre d'autres nouvelles bien plus sombres, comme L'Anthir de Jean-Luc Marcastel, récit des premiers jours d'après l'apocalypse dans un bunker toulousain, ou Qui-Vive de Danielle Martinigol, retraçant les peines d'une jeune fille qui connaît à l'avance l'identité de la personne qui est génétiquement programmée pour l'assassiner. Dans la même veine, Partir pour Edena de Christian Grenier reprend les thèmes d'une société divisée en castes génétiques pour un traitement un peu moins lourd émotionnellement.
Les nouvelles les plus courtes sont placées en majorité sous le signe de l'humour, comme Galanterie de Giulia Pretta, texte à chute sur les relations hommes-femmes, Service après-vente de Victor Fleury, qui rappellera des souvenirs à quiconque aura eu une mauvaise expérience avec un SAV, ou Pépin de Laure Mauger qui nous emmène à Aurillac le jour de la fin des temps. Les deux derniers textes se distinguent, l'un en bien, l'autre moins. Je n'ai pas franchement apprécié Les Aventures de Dieu, Adam et Ève de Jean-Pierre Andrevon, une espèce de recueil de blagues grasses que même le Hérisson aurait trouvées un peu ringardes. En revanche, dans le férocement réjouissant Ablation et Multigénération cellulaire, Michael Blumlein nous propose de suivre en direct la vivisection du président américain Ronald Reagan avec un luxe de détails, ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait que l'auteur est à l'origine médecin. Et quand on sait que ce texte date de 1984, sa portée satirique devient évidente.
Après deux essais, le premier très clair sur le reboot des comics Superman par John Byrne dans les années 1980 et le second plus confus sur la figure de l'anamorphose dans la science-fiction, les habituelles chroniques de livres et films concluent ce numéro 65 de belle facture.