Stephanie, jeune Britannique, vit sans perspective d’avenir. Ses parents sont décédés. Sa belle-mère, la seconde épouse de son père, est schizophrène et l’a chassée de la maison. Ses amies d’enfance ont leurs propres problèmes et ne peuvent pas la dépanner. Elle vient de rompre avec Ryan, qu’elle n’aime plus, et de quitter son appartement pour tenter un nouveau départ, à Birmingham.
En ce début des années 2010, la crise économique sévit et les emplois sont rares. Stephanie enchaîne les missions d’intérim de quelques jours et loge sous des combles, dans une chambre tellement minuscule qu’elle peut à peine s’y déplacer. Aussi saisit-elle sa chance quand elle découvre une annonce pour une chambre un peu plus grande et pour un prix modique, au 82 Edgehill Road.
Malheureusement, son déménagement n’est que l’amorce d’une descente aux enfers encore plus drastique pour la jeune femme. Dès sa première nuit, elle est témoin de manifestations étranges : des voix venant de la cheminée ou de la baignoire, la sensation d’une présence au bout de son lit, des bruits de plastique froissé sous son lit, des bruits de pas inquiétants. Bien décidée à partir séance tenante, Stephanie en est empêchée par ses soucis financiers. Le propriétaire, un homme tantôt gouailleur tantôt menaçant, refuse de lui rendre sa caution ; sa mission d’intérim est trop faiblement rémunérée et aucune de ses connaissances, Ryan compris, ne peut l’héberger. Et, alors que les événements s’accélèrent au 82 Edgehill Road, Stephanie, toujours incapable de partir, se trouve prise au piège.
Ce roman réussit le tour de force d’être horrifique à bien des égards ! La vie personnelle de Stephanie, à peine sortie de l’adolescence, poursuivie par les traumatismes de la mort de ses parents comme par les problèmes économiques de son pays, est atroce mais non moins criante de vérité. Son vécu quotidien, de sa demeure vétuste à son job payé au lance-pierre et non reconductible, de sa nourriture achetée proche de la date de péremption pour son faible coût à son unique tenue de travail démodée, sont bien documentés. Pourtant, Adam Nevill ne tombe pas dans l’excès.Tous les passages dépeignant ce quotidien de la protagoniste sonnent justes et ancrés dans le réel. Ceci vient d’ailleurs servir le reste du récit.
L’horreur et le glauque viennent aussi des personnages du propriétaire, Knack McGuire, de son cousin et des occupantes des autres chambres de la maison. Si les autres occupantes ignorent au départ Stephanie, ce n’est pas le cas de Knack et de son cousin, qui ne tardent pas à constituer une autre source de menace bien réelle pour la protagoniste.
Pourtant, Stephanie n’a pas seulement à redouter la pauvreté et les hommes manipulateurs et violents. Ce roman ne serait pas un vrai roman de maison hantée sans manifestations étranges. Ces dernières assaillent la protagoniste dès l’incipit. On ignore pendant une bonne partie du récit si les fantômes sont bel et bien présents, si la fatigue et le stress ne sont pas venus à bout de l’équilibre mental de Stephanie… ou si les deux ne sont pas à l’œuvre en même temps. Les atrocités auxquelles Stephanie est exposée vont croissant jusqu’à une véritable explosion d’horreur aux trois quarts de l’ouvrage. Puis, de manière étonnante, l’intrigue quitte le 82 et Stephanie pour basculer sur un nouveau lieu. Le rythme ralentit alors avant un dénouement final mené tambour battant. Ce changement de décor m’a décontenancée au départ mais permet de comprendre certains des événements vécus par Stephanie et donne fortement envie de relire la première partie de l’ouvrage en les ayant à l’esprit. Il permet également d’offrir une conclusion satisfaisante à l’histoire.
Personne ne sort d’ici vivant est un roman haletant, mené de main de maître. Presque sordide mais ne tombant jamais dans la démesure, il saura plaire à tous les amateurs de romans horrifiques.