Griz vit avec sa famille sur Mingulay, une petite île des Hébrides extérieures, au large de l'Écosse. Sur ce petit bout de rocher battu par les vents et les vagues, leur existence est calme et paisible, faite de pêche, de chasse et de cueillette, mais aussi de lectures – Griz adore les romans post-apocalyptiques. Ils ne voient pas grand-monde, et pour cause : cela fait plus d'un siècle que l'espèce humaine a quasiment disparu, frappée d'une stérilité aussi soudaine qu'inexpliquée. Il ne reste plus que quelques milliers d'habitants sur toute la planète, et encore moins de chiens. Griz en a deux, Jip et Jess, et il les adore. Sa vie bascule quand Jess est enlevée par Brand, un beau parleur venu sur l'île sous prétexte de marchandage. Aussitôt, Griz se lance à sa poursuite. C'est le début d'un long périple qui va lui faire traverser l'Angleterre de part en part et découvrir ce qu'il en reste.
Un gars et son chien à la fin du monde est un roman d'aventures comme on n'en fait plus – ou du moins, comme je n'en avais pas lu depuis longtemps. On suit un héros seul contre le monde, confronté à un environnement sauvage où sa ruse et sa débrouillardise sont les seules armes dont il dispose (bon, il a aussi un arc et un couteau, d'accord). C'est aussi simple qu'efficace et la narration à la première personne contribue à rendre le protagoniste attachant. Comme il s'exprime souvent à la deuxième personne, cela permet de susciter l'empathie du lecteur lorsqu'il lui arrive des ennuis (ce qui est fréquent, bien entendu).
Le cadre est un autre bon point. Certes, la fin du monde a eu lieu, mais c'est une fin du monde tranquille, presque sympathique. Pas de cataclysme nucléaire, pas d'épidémie ravageuse, pas de guerre sans fin, ici, l'humanité s'éteint à petit feu et laisse la nature reconquérir à son rythme les villes, les autoroutes et les chemins de fer. Cela rend la lecture moins pesante qu'elle aurait pu l'être et c'est non sans plaisir (surtout pour les misanthropes comme moi) que l'on découvre avec Griz cette Grande-Bretagne vidée de sa population, où l'on reconnaît çà et là des traces de notre monde que le narrateur n'arrive pas toujours à interpréter.
S'il ne contenait pas quelques scènes d'une violence un peu crue, je pourrais recommander Un gars et son chien à la fin du monde à tous les publics. C'est un bon roman d'aventures rondement mené, avec des personnages crédibles et attachants et un intrigue pleine de tension et de coups de théâtre. En dépit de son cadre, c'est aussi un livre relativement enjoué et optimiste que l'on referme avec un léger sentiment de mélancolie, mais pas un profond désespoir comme d'autres romans post-apocalyptiques.