Les Chroniques de l'Imaginaire

Une partie de badminton - Adam, Olivier

Parti à Paris cinq ans plus tôt, au sommet de sa carrière d'écrivain, Paul Lerner revient en Bretagne au creux de la vague : ses trois derniers livres se sont mal vendus, et il doit rétablir au plus vite sa santé financière. Son épouse Sarah a pu obtenir sa mutation dans un lycée proche, et lui-même a trouvé un emploi de journaliste dans le quotidien local. En revanche, le déracinement de leurs enfants ne se passe pas forcément bien : si le petit Clément de dix ans apprécie les sports nautiques, par tous les temps, l'aînée, Marion, qui a quinze ans, ne supporte pas d'avoir dû quitter son lycée, ses activités et ses ami.es parisien.nes.

Alors qu'il est déstabilisé par la mort d'un ancien ami perdu de vue, Paul découvre de surcroît que sa femme le trompe, qu'une inconnue le suit, et pour tout arranger sa fille fuit à Paris. Et ce n'est que le début des ennuis.

Ce roman contient ce que je n'aime pas dans la littérature "blanche" : les interminables ruminations de personnages qui n'ont pas de problèmes vitaux, et qui le savent, mais n'en continuent pas moins à se torturer les sentiments sur des erreurs plus ou moins graves, et sur le temps qui passe, et l'aspect bobo très parisien qui incommode la provinciale que je suis. Heureusement, il y a aussi cette écriture fine, acérée, qui avait participé à mon plaisir de lecture dans Chanson de la ville silencieuse, qui sait se faire très charnelle quand elle évoque le vent ou les vagues. Il est d'autant plus dommage que personne apparemment n'ait remarqué que Benoît est rebaptisé Eric brièvement (page 169), ce qui lui enlève toute épaisseur.

Le personnage principal semble une collection de clichés, mais il est par moment touchant, dans son amour pour ses enfants, ou pour sa femme. C'est d'ailleurs l'une des choses que j'ai aimées dans ce roman : il s'y trouve de superbes personnages de femmes. Sarah, certes, lumineuse et déchirée, mais aussi ces mères que l'on voit à peine, et qui sont plus fortes que leurs enfants ne le savent, discrètement. Par ailleurs, le thème des secrets dans la famille, avec les ravages qu'ils causent chez les enfants, est bien traité, que ce soit de façon "rétrospective", au niveau de la génération de Paul, ou "en direct", avec les colères et mépris de Manon.

En somme, un roman pour moi en demi-teintes, qui ne me détournera pas d'un auteur dont je suis toujours curieuse, mais qui n'a rien d'inoubliable. C'est comme une chanson douce, qui peut plaire, pour des raisons diverses, soit à qui ne connaîtrait pas l'auteur et le découvrirait avec ce titre, soit bien sûr aux fans inconditionnels.