Les Chroniques de l'Imaginaire

Wartburg, 1210 (Les aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier Troubadour - 18) - D'Aillon, Jean

Nous sommes en 1209, le légat du pape Innocent III a lancé la croisade contre les cathares afin d'extirper l'hérésie des comtés de Toulouse et de Foix. Des croisés, venus de toute la France et des royaumes voisins, se sont dirigés vers Béziers, réputée pour protéger les cathares, et y ont massacré tous ses habitants. Guilhem d'Ussel, venu chercher son ancien amour Amicie de Villemur pour la protéger, n'a pu que rester impuissant face au déchaînement de violence qui a conduit au massacre des habitants et d'Amicie.

De retour vers son fief de Lamaguère, Guilhem décide alors de quitter ses terres et d'emmener ses gens loin de cette folie car il sait que cela ne va pas s'arrêter, que des croisés et des hordes d'estropiats vont continuer de ravager le comté bien après la fin de la croisade. Qui plus est, il protège des cathares qu'il a déjà sauvés une fois de la mort, en les emmenant de Paris vers Lamaguère. Il décide donc de traverser le royaume de France vers Rouen afin de les mettre à l'abri. Guilhem a de plus pris une nouvelle décision, il va reprendre sa vie de chevalier troubadour et partir pour le Saint Empire Romain Germanique afin de retrouver Wolfram d'Eschenbach, un ami troubadour comme lui.

Le voyage se révélera périlleux, des combats contre des troupes armées vont émailler le périple, mais le pire sera quand il va croiser des chevaliers allemands qui se révéleront être de vieux ennemis. Ayant tardé à le reconnaître, ils ne vont cesser de poursuivre Guilhem afin d'assouvir leur vengeance.

Une chasse à l'homme commence à  travers le royaume jusque sur les terres d'Empire, où Guilhem, en plus de retrouver Wolfram, est chargé par le roi de France de transmettre un message à Hermann de Thuringe, un ennemi de l'empereur.

Guilhem, qui a décidé de voyager sans ses fidèles compagnons, va-t-il réussir à échapper à ses ennemis ?

Pour cette aventure, Jean d'Aillon a décidé de nous emmener dans les rudes contrées germaniques en plein hiver. On retrouve un Guilhem désabusé par les malheurs qui s'acharnent sur lui, et qui décide de quitter le relatif confort de son château pour s'aventurer de nouveau sur les routes. Son héros n'a plus rien à perdre et veut retrouver l'incertitude de sa vie d'avant, n'avoir que lui à protéger et ne plus avoir de liens qui le rattachent à des êtres chers qui ont la fâcheuse habitude de mourir prématurément. C'est donc un Guilhem plus sombre, lassé des malheurs attachés à ses basques, qui s'en va parcourir des terres hostiles, mystérieuses, et y rencontrer de bien étranges personnages...

On sent que dans ce nouveau tome, Jean d'Aillon a voulu donner un second souffle à cette saga et revenir aux origines des aventures de son chevalier troubadour.

Comme d'habitude, les péripéties sont nombreuses, les descriptions des combats toujours aussi réalistes et les conditions de vie de l'époque sont rendues avec précision. L'auteur arrive encore à nous faire vivre ses histoires comme si on les vivait nous-mêmes, on s'attache toujours à cet étrange héros, sombre, généreux mais parfois violent et sans pitié avec qui se met en travers de son chemin.

Le contexte historique est toujours précis et d'Aillon intègre encore parfaitement son récit dans la grande Histoire.

On sait déjà que l'auteur s'amuse avec sa série Les chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson à revisiter les romans de Conan Doyle, cette fois-ci il s'en est donné à cœur joie en réécrivant la légende médiévale de Blanchefor et de sa marâtre qui a inspiré les frères Grimm pour Blanche-Neige.
Autant vous l'avouer, ce n'est pas ce que j'ai préféré dans ce roman car trop éloigné de la réalité pour moi.

Par contre, j'apprécie toujours le fait que Jean d'Aillon arrive à  rendre sympathique des personnages qui sont de vraies crapules au premier abord. Petit clin d’œil au personnage de Waldemar.

Je suis curieux de découvrir ce qu'il va advenir de Guilhem dans sa prochaine aventure après ce nouveau départ.