Au royaume de Gémélia, Ivan Lorpalou est un jeune enquêteur bien décidé à se tailler une réputation. Plus il résoudra d’enquêtes, plus il multipliera les chances d’élucider un jour la mort de son frère jumeau, Igor. Car dans ce royaume, tous les enfants naissent par paire et la perte de son jumeau est considérée comme l’une des plus grandes tragédies pouvant advenir.
La princesse Aurélia est justement menacée par un tel risque. Son frère, le Prince Aurel, est plongé dans un profond sommeil que rien ne vient troubler. Elle est prête à tout pour le guérir de cet état, même à confier l’enquête au jeune Lorpalou. Ivan ne tarde pas à comprendre que l’une des sœurs sorcières est la coupable. Bien entendu jumelles, l’une d’entre elles est maléfique, l’autre non. Malheureusement, nul ne sait qui d’Aelys ou d’Azelaïs est la méchante sorcière, chacune s’accusant mutuellement depuis des années.
C’est là l’ampleur du mystère qu’Ivan va devoir résoudre. Heureusement, il pourra compter sur l’aide de Cornélius, une licorne maussade ayant perdu sa corne.
Panique à Gémélia mêle avec brio l’humour, l’aventure et l’émotion. La mort de son jumeau pèse sur l’esprit d’Ivan et bien qu’il ne figure pas dans le récit, la présence d’Igor se fait sentir à chaque page. Le deuil est donc une thématique importante du récit… et pourtant, le ton de l’ouvrage est léger, pour ne pas dire fantasque. On s’amuse beaucoup à suivre les aventures et déboires d’Ivan, pré-adolescent un peu trop sûr de lui, et de sa licorne revêche. La confusion sur l’identité de la méchante sorcière donne lieu à de nombreux quiproquos très drôles. Aelys ou Azelaïs ? Azelaïs ou Aelys ? On se perd avec plaisir aux côtés d’Ivan au gré des fausses pistes farfelues. Même en tant qu’adulte, certaines péripéties, comme celle de l’armée d’écureuils géants, m’ont fait sourire et m’auraient sans nul doute fait mourir de rire étant enfant.
Le style d’écriture est limpide, sans être simpliste. Les illustrations sont en parfaite adéquation avec le texte, à la fois claires et délirantes. J’ai particulièrement apprécié la manière dont les expressions d’Ivan et de Cornélius étaient rendues.
La couverture, où l’on voit Ivan et sa licorne en pleine confusion face aux deux sorcières, m’a d’ailleurs décidé à choisir cet ouvrage et je n’en suis pas déçue ! Je dois bien avoir vingt ans de trop pour être le public ciblé par ce roman mais j’ai tout de même passé un excellent moment de lecture.
Pour résumer, Betty Piccioli parvient à raconter une histoire touchante et loufoque, habilement mise en valeur par les illustrations tout aussi déjantées de Nathanaël Ferdinand. Cela ne donne qu’une envie : découvrir d’autres ouvrages de la même collection !