Les Chroniques de l'Imaginaire

Écarlate - Auribeau, Philippe

Dans les États-Unis de Herbert Hoover et de la prohibition, Thomas Jefferson est un agent fédéral un peu hors norme. Venir d’une famille aisée et porter le même nom qu’un ancien président lui permettent quelques excentricités, comme de s’associer à un détective privé qui est une femme – Diane Crane – et d’avoir à son service un homme de couleur, Caleb Beauford. 

En cet été 1931, le trio arrive à Providence pour enquêter sur un crime hideux. Trois personnes ont été sauvagement mutilées, dans un théâtre appartenant à un sénateur. Face à cette tragédie, Thomas Jefferson croit sans doute au départ que les préjugés, la corruption et les jeux de pouvoirs seront ses principaux obstacles dans sa quête de vérité. C’est compter sans l’apparition d’un mystérieux homme noir. 

Écarlate commence comme une enquête policière assez classique mais attrayante : un meurtre sanglant et mystérieux, une époque intrigante et bien rendue, un trio d’enquêteurs sympathiques et bien campés. Son rythme est plutôt soutenu et on enchaîne les péripéties à mesure que les protagonistes se déplacent d’un lieu à un autre, explorent des pistes, se rassemblent pour conférer et se dispersent à nouveau. On suit chacun des membres du trio, tour à tour, dans leurs aventures. Les premières sont fortes en rebondissements mais plutôt ancrées dans le réel. 

Pourtant, au fur et à mesure du récit, on bascule vers quelque chose de plus fantastique mais aussi de plus horrifique. Le récit aurait très bien pu tenir en lui-même sans cette dimension plus fantastique mais elle apporte une réelle profondeur à l’histoire et rend sa fin bien plus percutante. À mesure que le roman bascule dans l’horreur, on assiste à une évolution physique et psychologique des protagonistes, qui réagissent bien différemment devant la pression. Certaines décisions prises par les protagonistes sont assez glaçantes cependant et ont amoindri mon plaisir à les suivre.

Le roman fait abondamment référence à La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne, dont une adaptation théâtrale devait être jouée par les victimes du meurtre. Si j’ai réussi à suivre le roman sans trop de difficultés sans avoir lu ce livre, je pense tout de même qu’il vaut mieux le connaître. Cette référence à l’œuvre de Hawthorne semble plutôt bien amenée. Ce ne sera d’ailleurs pas la seule référence faite à un auteur américain au cours du récit mais je n’en dirai pas plus, vu que ces références participent plus ou moins grandement à l’intrigue !

Écarlate est donc un roman surprenant, qui brille à la fois par sa capacité à être un bon roman policier, un bon roman d’aventures et un bon roman d’horreur. Il captivera les lecteurs à la recherche d’une histoire au rythme haletant.