Les Chroniques de l'Imaginaire

Le jeu du cormoran (Le rêve du démiurge - 4) - Berthelot, Francis

Alors qu'il assure son frère durant leur spectacle de cirque, Ivan Algeiba croise les yeux étonnamment bleus d'un homme dans le public, et son frère chute. Troublé, et furieux qu'une fois de plus toute la troupe - sa famille ! - le condamne sans l'entendre, il part seul dans la nuit, et s'apaise auprès d'un cormoran. Mais le lendemain matin, suite à une grosse dispute avec son père, il part de son côté, en se dirigeant dans la direction où il a vu partir l'oiseau, vers le Nord.

Cela l'amènera à faire la connaissance de Moa-Tao, l'androgyne, qui île-même l'amènera chez Tom-Boulon, un ivrogne qu'il détestera au premier regard, mais chez qui tous deux séjourneront quelques jours, avant de continuer vers le Nord, toujours en suivant le cormoran, jusqu'à Paris. Sur la route, ils rencontreront le trouble Hugues Valmeur, qui les orientera vers Ugo Veltori, un organisateur de spectacles qui pourrait, selon ses dires, leur proposer une scène pour leur spectacle d'acrobates. Ou autre chose.

Ce roman se déroule quatre ans après Mélusath, dont il est la suite directe, et sept ou huit ans après Le jongleur interrompu, dont on retrouve certains personnages, vivants ou morts, Lily-Rhum appartenant aux deux arcs narratifs. De ce fait, même si on peut le lire seul, on l'appréciera sans doute davantage en étant bien au fait au moins de ces deux prédécesseurs.

On retrouve ici les caractéristiques du style fantastique de l'auteur, peu marqué, et de façon très originale, avec la double influence du surréalisme et de la psychanalyse : les peurs et les désirs des personnages se matérialisent, prennent chair et réalité, jusqu'à ce qu'eux-mêmes, comme le lecteur, soient confondus. C'est fait remarquablement, avec une langue à la fois souple, riche et précise, sans effet de manche superflu, et à la correction parfaite. Je crains toutefois d'avoir repéré une faute de frappe qui ajoute une touche de fantastique involontaire, car il me semble que dans le chapitre Cimetière (page 555 de l'intégrale en e-pub), il ne s'agit pas de "héler" un corps, mais de le "haler" !

En tout cas, si vous avez aimé l'un ou l'autre des romans précédents, ou a fortiori tous, vous aimerez sûrement celui-ci, où de plus l'on retrouve comme une ombre de ce merveilleux personnage qu'était Constantin.