Les Chroniques de l'Imaginaire

Ghost Kid - Oger, Tiburce

Avril 1896, dans le Dakota du Nord. Les temps sont durs pour les cow-boys, notamment ceux qui ont vécu l'âge d'or de l'époque, avant l'arrivée des lignes de chemins de fer, à travers tous les Etats-Unis d'Amérique. Ambrosius Morgan est de ceux-là : il vivote de petits boulots, actuellement pour la patronne d'un ranch qui l'apprécie bien, mais qui a bien du mal à joindre les deux bouts, et à ne pas se faire racheter ses terres par le vieux Dougherty...

Pourtant, Morgan va encore avoir une aventure qui l'attend, et il est loin de s'en douter au moment d'ouvrir une étrange lettre qui lui est parvenue, dans ces paysages enneigés. Celle qui lui écrit est Anna Saint James, une bien jolie fille que Morgan a connue, il y a une vie de cela. Une fille avec laquelle il n'était pas resté à l'époque, l'appel des plaines étant trop fort. Une fille qui s'est mariée depuis, et qui a eu des enfants. Mais elle a aussi eu une fille de Morgan, qui se nomme Liza Jane. Et il se trouve que cette fille, qui est donc de Morgan, a disparu, à la frontière mexicaine...

Alors, Morgan ne tarde pas à récupérer son arme chez Dougherty, provoquant un véritable bain de sang au passage, et à prendre le chemin du Mexique... Rapidement, les paysages enneigés du Dakota du Nord laissent la place aux paysages chauds et désertiques. De quoi mourir rapidement, lorsqu'on ne connait pas ce genre de climat. Et même si Morgan est du genre teigneux, il se surprendrait lui même à devoir compter sur un jeune Indien muet, qu'il se met à appeler Mosquito...

Avec des séries comme Gorn, Les Chevaliers d’Émeraude, La Forêt ou encore L'auberge du bout du monde, on se dit que Tiburce Oger est bien loin d'en être à son coup d'essai. Et c'est clairement vrai. Pour autant, l'auteur sort ici de la fantasy et du fantastique qui peuvent le caractériser, en s'attaquant à un genre qui a aussi ses codes : le western. Une grande première pour l'auteur, pour son plus grand plaisir : il le dit lui-même, et cela se ressent dans chacune des planches de ce Ghost Kid, un one-shot qui sort dans la collection Grand Angle de Bamboo.

Ainsi, Tiburce Oger choisit de mettre en scène un vieux cow-boy, sur la fin de sa carrière. De quoi nous rappeler le revival de Clint Eastwood dans un film comme Impitoyable, sorti en 1992. Le choix est particulièrement intéressant, avec un personnage qui a des faiblesses, et qui est rendu ici complètement humain, et donc parfaitement attachant, très vite, pour le lecteur assoiffé de grands espaces américains.

Bien entendu, les dessins et les couleurs, le style personnalisé de Tiburce Oger font merveille dans chaque case qui composent ce récit. Rien n'est laissé au hasard, avec un auteur qui s'éclate, littéralement, et il y a de quoi, au vu de la diversité des lieux. Si les personnages, leurs armes et leurs costumes sont réussis, il en est de même pour les nombreux paysages à couper le souffle, notamment en Arizona, et au Mexique.

Les personnages rencontrés sont intéressants, avec un voyage qui sera bien évidemment loin d'être de tout repos pour Morgan et le jeune Indien, ce Ghost Kid, qui l'accompagne. Il serait dommage de passer à côté d'un tel voyage, si dépaysant... En tout cas, encore un très beau western à se mettre sous la dent chez Grand Angle, après le très bon Jusqu'au dernier, de Jérôme Félix et Paul Gastine.