S'il y a assez peu d'animation dans cette petite ville campagnarde du Nord, celle du jour attire nombre de curieux. Il s'agit d'une exposition sur les abeilles et leur mode de fonctionnement en ruches, avec présentation des spécificités de la reine. Clou du spectacle : parmi les espèces présentées, il y en a une qui vit au pied de l'Himalaya, et qui est réputée comme étant l'abeille la plus grosse du monde, et aussi la plus agressive, l'Apis laboriosa.
Malheureusement, les quelques spécimens qui ont fait le voyage pour être présentés ont disparu. Pour autant, l'inquiétude n'est pas grande, et l'affaire se tasse bien vite. C'est compter sans la famille du maire de cette bourgade, depuis plus de vingt ans. Ses deux filles, jeunes et jolies, sont très attachées aux abeilles, notamment Aude, l'aînée, pour qui la vie d'une abeille vaut plus que celle d'un homme...
Et Aude a une relation très particulière avec les insectes qu'elle élève dans le jardin familial. Elle a aussi inculqué de drôles d'idées à Diane, sa cadette, qui ne sait plus trop quoi penser à propos de ces insectes. D'autant qu'en plus du miel, le venin est précieux dans la famille, pour soigner les rhumatismes du maire paternel.
Mais ce dernier n'est pas au bout de ses soucis, en pleine période électorale. Non seulement Raymackers, un homme d'affaire, directeur de l'usine locale, se présente également aux élections municipales, mais les abeilles familiales sont de moins en moins bien vues, dans le village, surtout depuis les dernières attaques, mystérieuses, qui viennent d'avoir des dénouements tragiques...
Et il faudra une enquête approfondie, dans ce milieu rural, pour démêler le vrai du faux... Dans une ville où il vaut mieux se tenir éloigné des jolies filles du maire, qui ont une étrange conception de l'accouplement...
La Petite Reine est un one-shot de Jean-Claude Servais, initialement paru chez Casterman en 1992. Dupuis réédite ici le livre, avec une version complètement en noir et blanc, et un dos toilé du plus bel effet. L'occasion est ainsi intéressante de parcourir un très bel objet sur la forme, et qui renferme un one-shot qui possède tous les ingrédients qui font le succès des livres de Jean-Claude Servais.
Non seulement les dessins ont une grande force, avec cette édition qui les met à l'honneur, mais il faut reconnaître que le récit est prenant, peuplé de personnages attachants et crédibles, entourés d'hyménoptères qui ne sont pas toujours les plus bienveillants, comme peuvent l'être nos abeilles communes. Les deux filles, notamment Aude, sont parfaitement mystérieuses et énigmatiques, et c'est avec beaucoup d'intérêt que l'on suit l'enquête qui suivra son cours jusqu'à un dénouement pour le moins inattendu.
La Petite Reine est un one-shot prenant, que l'on peut qualifier de thriller rural avec sa part de mystère. Cette réédition est tout simplement superbe, et il serait bien dommage de passer à côté, notamment si on ne connaît pas encore une histoire qui n'a pas pris une ride depuis 1992...