Les Chroniques de l'Imaginaire

Rose et le revenant (Les nuits de Douvres - 2) - Bowen, Kelly

Eli a survécu à la bataille de Waterloo. Il n’y a pas seulement perdu son visage, dont tout un côté a été arraché et brûlé, mais aussi son insouciance juvénile et surtout ses amis les plus chers. Alors qu’il se terre dans une ferme belge, empli de dégoût pour lui-même, il apprend la mort de son père, le comte de Rivers. Eli rentre alors en Angleterre à contre-cœur pour hériter du titre. 

Encore réticent à affronter la bonne société, il ne se rend pas tout de suite à Londres, à la rencontre de ses notaires, mais dans un domaine situé non loin de Douvres. Il y découvre avec stupeur que le manoir a été transformé en pensionnat pour jeunes filles et que Rose, la fiancée de son meilleur ami mort à Waterloo, s’y trouve. Or, cette femme a toujours fait battre son cœur.

Rose et le revenant met en scène deux héros traumatisés par leurs passés respectifs et qui, malgré le bien qu’ils font autour d’eux, ne se rendent pas compte de leur juste valeur. Leur rencontre va leur permettre de s’aider mutuellement à aller de l’avant. Bien sûr, certaines péripéties semblent tirées par les cheveux, comme souvent dans les romances historiques. Michael, l’ancien fiancé de Rose et le meilleur ami de Eli, est un bouc émissaire facile pour nombre des maux affectant les protagonistes. La tendance de l’auteure à le rendre graduellement de plus en plus méprisable frise la démesure et instille même une certaine forme d’humour absurde qui n’était visiblement pas souhaité. 

Toutefois, j’ai beaucoup apprécié la relation entre les deux personnages principaux. Cette histoire d’accomplissement personnel par le couple en fait une belle bluette. Les personnages secondaires n’apparaissent qu’en arrière-plan et sont un peu pâles comparés aux protagonistes. Certains, comme Lady Ophelia, une élève de Rose, viennent cependant servir l’une des thématiques phares du roman, à savoir l’acceptation des différences physiques. 

Les amateurs de peinture se réjouiront des multiples références qui émaillent le récit, Rose étant peintre et à l'origine d’œuvres très particulières. La narration, lorsqu'elle se consacre au point de vue de la jeune femme, fait d'ailleurs la part belle aux descriptions physiques, sous un angle très visuel. C'est plutôt bien vu pour une romance érotique.

Le récit avance à un bon rythme, ni précipité, ni trop lent et se termine juste au bon moment pour ne pas lasser le lecteur avec les hésitations de ses héros. Il s'agit du second tome de la série Les nuits de Douvres, mais il n'est absolument pas nécessaire d'être familier du premier opus : moi-même, je n'ai eu aucun mal à suivre l'intrigue sans avoir lu ce premier tome au préalable.

Rose et le revenant est une romance qui plaira aux amateurs d’évolution psychologique des personnages et d’histoires d’amour fondées sur le respect et la compréhension de l’autre.