Comme toujours, le numéro d'été de la revue québécoise comporte les annonces des différents prix, et notamment le Prix Solaris. La nouvelle lauréate ouvre le volet Fiction, qui montre bien ici la diversité des formes et thèmes de la science-fiction, un vrai plaisir !
Les épinettes aux corneilles, de Josée Bérubé, prix Solaris 2020 : Serge robot est fatigué, physiquement et mentalement, mais cela ne l'empêche pas de s'émerveiller de la beauté du bois des arbres qu'il est payé pour couper et débiter, et pour s'émerveiller devant une immense fresque en plein air.
Rien d'étonnant à ce qu'elle ait gagné le prix, cette nouvelle est très aboutie, dans une belle langue à la fois poétique et précise, et un univers imaginatif.
Solitude, d'Alain Ducharme : Un vaisseau arrivant sur cette planète excentrée est un événement très rare, et il en apporte la probable explication.
C'est un univers qui a du potentiel, mais je ne suis pas sûre d'avoir compris la fin.
Dernières vacances de la femme-termite, de Michèle Laframboise : Elle a gagné un fabuleux voyage à la loterie, et est bien décidée à en profiter. Mais au fur et à mesure de son séjour au-dessus des nuages, le temps se couvre…
Superbe, très original, plein d'humour, ce texte confirme tout le bien que je pensais déjà de son autrice.
Presque le paradis, de Gabriel Veilleux : Le désert, c'est l'enfer. Mais il faut bien que quelqu'un le démine si on veut accéder au paradis qui est de l'autre côté. Et le narrateur est bon à ça.
Excellente chute, et atmosphère de désespoir bien rendue. L'auteur avait gagné le prix Boréal d'écriture sur place, catégorie auteurs montants, en 2018, avec sa nouvelle Toutes alignées morbides, et visiblement il a continué à travailler depuis.
L'effet quantocorticoïde, de Claude Lalumière : Maxime se sent mal d'avoir abandonné à leur sort ses amis de Croasseville, quand il a été ramené inopinément sur Terre, et il ne se rend pas compte tout de suite combien il aime Galmalwa. Mais ensuite, il fera tout pour y retourner.
Très belle nouvelle sur les capacités d'immersion dans d'autres mondes d'enfants entre six et douze ans, dans un univers original et imaginatif.
Gris, de Dave Côté : L'explosion de la caldeira du Yellowstone, en jetant sur les routes un grand nombre de réfugiés climatiques, semble à des petits malfrats canadiens présenter une bonne opportunité d'enrichissement : il suffit d'aller cambrioler les maisons abandonnées. Mais toutes ne le sont pas, et Joseph, qui a déjà voulu emporter des armes à feu, devient de plus en plus acharné.
Belle nouvelle, crédible et à la progression bien maîtrisée, qui démontre une fois de plus que son auteur est aussi à l'aise en SF qu'en fantastique.
Mario Tessier colle à l'actualité, avec ses Carnets du Futurible intitulés : La pandémie en littérature, en images et en musique, ou la peste en 10 repères choisis. C'est solide, exhaustif et bien écrit, comme toujours, et j'attends avec impatience le moment où ce ne sera plus d'actualité…
La partie Critique d'œuvres littéraires est particulièrement riche, des deux côtés de l'Atlantique et dans tous les genres de l'imaginaire. Si l'inactivité forcée vous a permis de venir à bout de vos Piles à Lire, nul doute que vous trouverez ici de quoi les regonfler !