Les grands événements de l’histoire humaine sont à l’origine de déchirures temporelles. Des mondes parallèles sont formés et évoluent à partir du point de rupture de leur propre manière. Les Arpenteurs naissent en même temps que ces autres mondes. Contrairement au reste de la population, ils n’ont pas de doubles dans les mondes les plus récents et sont capables de passer d’un monde à l’autre. Réunis au sein d’une organisation, ils s’assurent du secret de leur existence et de la récupération rapide des nourrissons arpenteurs.
En 1986, un nouveau-né échappe justement à Clarisse, jeune Arpenteuse. Le facétieux bébé passe dans un monde parallèle sitôt sorti du ventre de sa mère. Parvenu dans l’A-XV84, un monde où magie et démon sont réels, il est bien vite recueilli par un couple de sorcières, Sybella et Rhéane, qui le nomment Anton.
Quatre ans plus tard, Clarisse découvre que son rapport de mission sur le nourrisson a été falsifié et signale, à tort, son décès.
Début des années 2000, dans notre monde, Ninon et Sam, jeunes élèves arpenteurs, sont sur le point de réaliser leurs premières missions et rencontrent leur nouveau professeur, Clarisse. À la même période, dans le monde A-XV84, Daniil le nigromancien rencontre Esteban le sorcier, meilleur ami d’Anton, mais une guerre éclate entre ces deux clans magiques, avec des conséquences pour le moins inattendues pour les Arpenteurs.
Il est délicat de résumer cet ouvrage tant il s’y passe de choses. Au début, on est même un peu pris au dépourvu par le nombre de personnages, même si la majeure partie de l’intrigue tourne autour de deux univers seulement. Le passage du temps se fait assez rapidement, un peu comme s’il s’agissait de mettre tous les éléments en place avant de commencer réellement les péripéties. Heureusement, au bout d’une cinquantaine de pages, les fils narratifs se rapprochent, pour finir par s’entrecroiser. Les personnages se rencontrent même et l’histoire devient bien plus claire pour le lecteur.
Le lecteur aurait tort de ne pas persévérer un peu car les Arpenteurs est un roman captivant. On prend plaisir à découvrir cet univers travaillé et à suivre les aventures des protagonistes ainsi que leurs évolutions psychologiques à mesure que le temps passe. Tous sont en effet confrontés à des événements remettant fondamentalement en cause leurs croyances initiales et vont devoir s’adapter, souvent dans l’urgence.
Le style de l’auteure, fluide, précis et concis, facilite la compréhension de cette intrigue de prime abord compliquée, et rend les scènes d’actions particulièrement efficaces. Anna Combelles porte aussi une attention particulière à la description des émotions des personnages et parvient à rendre chacun des protagonistes attachant à sa manière. Les émotions jouent d’ailleurs un rôle crucial dans le récit : ambition, loyauté, amour, haine, amitié, passion... J’ai en revanche un peu regretté le manque de descriptions de lieux, alors même que l’évocation d’univers parallèles est une véritable invitation à dépeindre des endroits fantastiques. Une part de cette absence de descriptions instille une atmosphère mystérieuse. J’aurais pourtant aimé avoir une image plus nette du monde le plus fréquenté, l’A-XV84. Je serais également bien partie plus souvent à l’assaut d’autres mondes ! À quand un autre tome ?
Pour résumer, les Arpenteurs est un roman riche, fourmillant de bonnes idées et qui laisse la part belle aux évolutions psychologiques de ses protagonistes. Il plaira à tous les amateurs d’univers parallèles, de magie, d’organisations secrètes et de romances.