Nous sommes dans un futur lointain, où la conquête spatiale est un élément acquis depuis bien longtemps par l'Humanité. Pour autant, il reste encore bien des planètes inconnues, et justement c'est sur l'une d'elles qu'un vaisseau, avec son équipage, va bientôt se crasher... Pour Ellis, la femme robot qui accompagne l'équipage, il semble évident que l'équipage humain vient de prendre des décisions étranges, qui ont conduit à ce crash...
Mais pour le moment, l'heure n'est pas aux questions ou à la réflexion, mais plutôt à la survie ! Le vaisseau s'enfonce inexorablement dans un océan au fond étrangement rougeoyant, qui met en évidence des centaines de pieuvres, qui se mettent à entourer l'épave. Pour l'équipage, équipé de lourds scaphandres, seule l'aide de ces pieuvres va leur permettre de survivre... Rapidement, même si l'un des passagers a perdu la vie, les visiteurs de l'espace se retrouvent sur une plage, où ils découvrent avec stupeur la présence de bien d'autres êtres humains...
Ces derniers, bien qu'étrangement apathiques, vont accueillir leurs visiteurs comme il se doit, leur offrant le gîte et le couvert. Mais ce peuple de l'eau, qui s'occupe continuellement à fabriquer de l'eau douce dans un lagon, montre bientôt un visage bien peu avenant, notamment lorsque l'équipage découvre que leurs hôtes ne sont nullement dérangés par le cannibalisme. De plus, il est surprenant de voir que Hiroshi, un des membres de l'équipage, plonge lui aussi dans le même état de mouton que les hôtes en question...
Pour autant, l'équipage, désireux de pouvoir entrer en contact avec la Terre, tente de retrouver leur vaisseau. C'est rapidement peine perdue, au vu de la profondeur de l'océan dans lequel il a coulé. Alors, l'heure est à la découverte du volcan environnant, un volcan qui semble éteint, en dormance, mais qui renferme lui aussi bien des secrets...
Retrouver des noms comme ceux de Valérie Mangin et Denis Bajram dans un one-shot qui a tout de la science-fiction est un petit phénomène en soi. D'autant plus lorsque le one-shot en question paraît dans la collection Aire Libre de Dupuis. On ne peut s'empêcher de penser à des séries comme Universal War One, bien entendu, mais aussi à cette pépite qu'est la trilogie Abymes, parue il y a quelques années dans la même collection.
Ici, les deux scénaristes se sont rapprochés de Thibaud De Rochebrune, pour gérer entièrement la partie graphique de ce Inhumain. D'emblée, on est frappé par la beauté des planches et des couleurs, parfaitement adaptées à ce récit de SF, avec des décors plaisants, et les quatre éléments (l'eau, l'air, la terre et le feu), qui seront mis progressivement à l'honneur, donnant ainsi au dessinateur la possibilité de faire montre de tout son talent graphique, notamment au niveau des décors.
Les personnages ne sont pas en reste non plus, avec des rôles complémentaires. On suit l'évolution de l'équipage avec beaucoup d'intérêt et de tension, et on ne peut s'empêcher de souffrir avec eux, en les voyant sombrer peu à peu dans la folie, eux aussi, au fil de leur progression. Jusqu'à savoir pourquoi, dans des révélations aussi surprenantes que parfaitement amenées.
Les auteurs parviennent à parfaitement dominer leur sujet dans cet excellent one-shot, que tout amateur de bonne SF se doit de posséder absolument.
