Les choses sont en train de changer, petit à petit, pour Matthias, qui est en plein stage de détoxification, perdu en pleine nature avec d'autres compagnons d'infortune, pourrait-on dire... Après une tentative avortée pour passer une soirée dans un restaurant pourtant loin d'être proche, voilà que Matthias se retrouve de nouveau seul. Et c'est le moment que vont choisir ses vertèbres pour lui en faire baver...
De son côté, Adèle est à la recherche d'un médicament pour calmer des douleurs, ou pour calmer un manque... C'est auprès d'un étrange pensionnaire, au sommet d'une colline, qu'elle va trouver ce qu'elle cherche, alors même que celui qui est son hôte un peu forcé lui avoue qu'il a un cancer en phase terminale, et que ce stage est un peu sa dernière chance, avec le manque qui pourrait pousser son corps à puiser dans les cellules malades...
Bref, c'est un Matthias qui ne peut absolument plus bouger qu'Adèle va finir par retrouver, dans un état un peu stone... Un moment de quiétude qui aurait pu conduire vers quelque chose, allez savoir, si Matthias n'avait pas le chic pour tout gâcher en prétextant un souci avec les insectes locaux. Un instant qui aurait pu être magique, mais qui est bel et bien brisé, dans l'esprit d'Adèle.
Et puis, il y a ce bus d'Auvergnats, des écolos étranges, qui se baladent nus, et qui sont venus là dans le cadre du stage, à la demande des organisateurs. Encore des expériences étranges, qui vont se confronter à l'esprit très citadin et étriqué de Matthias et des autres, même si les points de vue changent, eux aussi.
C'est un Matthias qui change, et qui devient bouleversant, que nous présentent Jim et Antonin Gallo, dans ce second tome de Détox. Les auteurs n'hésitent pas à présenter des flashbacks, qui montrent l'enfance de Matthias, qui monte des escaliers conduisant à une chambre. Dans cette chambre, on retrouve la mère de Matthias, en larmes. Une mère dépressive, sans doute. Une mère qui a ses raisons d'être dans cet état, que l'on saura en fin de tome.
Ainsi, après Le déni que constituait le premier tome, c'est à une phase d'acceptation que l'on assiste ici. Une phase où il sera tout de même difficile d'arriver pour Matthias, même si les choses se délitent, à grands coups de rencontres avec des personnages particuliers. Le scénario de Jim prend encore le temps de nous livrer ses secrets, pour notre plus grand plaisir, pendant que les dessins à quatre mains, avec des personnages de Jim et des décors d'Antonin Gallo, sont d'une grande beauté, en étant complètement au service du récit.
Je ne parlerai pas, évidemment, de la conclusion de ce diptyque, afin d'éviter les spoils, mais sachez qu'elle donnera forcément à réfléchir, entre ceux qui trouveront là quelque chose de complètement achevé, ou au contraire quelque chose d'étrange, pour la suite de la vie de Matthias.
Un diptyque magnifique en tout cas, à n'en pas douter, complètement digne des autres séries de Jim.
