AssaSynth, ancienne SecUnit renégate, est parvenue à tirer son ancienne cliente, le docteur Mensah, des griffes de la corporation GrayCris. Iel vit désormais avec elle sur la colonie humaine Préservation même s’iel déteste les planètes et interagir avec les humains. Mais voilà que le docteur Mensah, en plein choc post-traumatique après son enlèvement par GrayCris, lui confie une nouvelle mission qui doit l’éloigner d’elle, le temps qu’elle puisse suivre une thérapie. AssaSynth se retrouve bien vite embarqué dans une expédition scientifique menée par le beau-frère du docteur, Thiago, qui ne l’apprécie guère. Iel doit de plus assurer la protection de la fille de Mensah, Amena, une adolescente qui n’a pas la langue dans sa poche. Iel peine à trouver sa place au sein de l'équipe, d'autant plus que Thiago et Amena le jugent trop guerrier et trop prompt à inventer des menaces toutes les cinq minutes. Or les risques sont bien réels. L'expédition est mystérieusement attaquée par des humanoïdes à la peau grise, qui pilotent une vieille connaissance d'AssaSynth, le vaisseau scientifique EVE. Encore une fois, AssaSynth va devoir lutter pour garder ses compagnons humains en vie tout en tâchant de découvrir ce qui a bien pu arriver à EVE.
Ce nouvel opus de la série fut une réelle surprise pour moi. L’arc narratif des novellas le précédant était en effet résolu avec l’effondrement de GrayCris, le sauvetage du docteur Mensah et l’acceptation par AssaSynth d’une vie parmi ses amis humains. Heureusement, Martha Wells ne s’est pas arrêtée à cette histoire, déjà excellente, et a choisi de poursuivre les aventures de notre SecUnit préférée dans Effet de réseau, un volume plus long que les précédents et encore plus savoureux !
En cours de route, AssaSynth doit faire face à plusieurs émotions très personnelles : le deuil, l’amitié, la peur, le renoncement. AssaSynth est encore une fois poussé à interagir aussi bien avec des humains qu’avec des intelligences artificielles et à sortir de sa coquille. On mesure alors tout le chemin parcouru depuis son affranchissement des systèmes de contrôle de son ancienne compagnie. AssaSynth doit, à son corps défendant, clarifier son positionnement à l’égard de ses relations. Iel est par exemple tour à tour gardien, tuteur, parent ou ami pour Amena. Il est délicat de rendre compte de la complexité et de la profondeur de ses interactions avec les autres personnages, toujours bien pensées et en lien avec le récit. Il en ressort des personnages humains comme numériques mieux campés, à la psychologie plus travaillée et aux dialogues plus travaillés. La personnalité d’AssaSynth reste aussi drôle de cynisme, avec sa passion pour les séries-fleuves irréalistes et son dégoût des matières organiques.
L’intrigue est encore une fois riche en action. Des pirates, une bataille spatiale, des enlèvements, des systèmes artificiels hostiles, AssaSynth n’est pas au bout de ses peines ! Iel doit être d’autant plus vigilant que les menaces ne pèsent pas seulement sur les humains mais aussi sur les SecUnits tels que lui.
La longueur du récit offre la liberté à Martha Wells de mieux mettre en valeur son univers, que l’on soupçonnait riche mais qui n’était que survolé lors des autres opus. Si celui-ci ne se démarque pas par son originalité, de méchantes corporations exploitant de pauvres colons crédules, il est appréciable d’en apprendre plus sur son fonctionnement et sa culture.
Effet de réseau est un magnifique ajout à la série d’AssaSynth, qui conjugue tous les atouts des tomes précédents en en gommant les maigres défauts. Je le recommande aux fans de la série. Même s'il est préférable d’avoir lu les tomes précédents avant de s’y plonger, je pense que les néophytes peuvent commencer par celui-là et se faire happer sans difficulté par ses péripéties nombreuses et son protagoniste haut en couleurs.
