Les Chroniques de l'Imaginaire

All Clear (Blitz - 2) - Willis, Connie

Merope, Michael et Polly sont toujours coincés à Londres en 1940. Ils ignorent pourquoi leurs portes de sortie vers 2060 refusent de s'ouvrir, ils ignorent même s'il y a des gens en 2060 qui sont à leur recherche. Ils font ce qu'ils peuvent pour laisser des indices aux historiens du futur, mais l'espoir est mince, chacun d'eux ayant ses propres angoisses. Michael est terrifié à l'idée que sa présence ait pu modifier le cours de l'histoire, Polly est sous le coup d'une date limite après laquelle elle disparaîtra (les joies des paradoxes temporels…) et, plus prosaïquement, Merope a du mal à supporter la vie sous le Blitz, avec cette pluie incessante de bombes, la destruction et la mort qui menacent à chaque instant.

Ayant dévoré Black-out, je n'ai pas été capable d'attendre longtemps avant de me plonger dans sa suite… et ma première impression a été une intense déception. Le premier tiers du livre m'a donné l'impression d'une longue stagnation : les trois protagonistes, s'étant enfin retrouvés, passent un nombre déraisonnable de pages à ressasser les mêmes problèmes, à se cacher des choses les uns aux autres, et l'envie de leur secouer les puces m'a plus d'une fois traversé l'esprit. Heureusement, cette impression finit par se dissiper lorsque l'intrigue est relancée par quelques rebondissements bienvenus, mais j'aurais préféré qu'ils arrivent un peu plus tôt.

L'effort documentaire accompli par Connie Willis est impressionnant et se ressent dans chaque petit détail, chaque petite allusion du livre. La traduction française a la bonne idée d'ajouter en appendice un lexique pour déchiffrer toutes les références culturelles, dont certaines sont très connues, comme cette célèbre autrice de romans policiers reconvertie en pharmacienne pendant le Blitz, mais d'autres beaucoup moins, surtout en francophonie. Le pendant négatif de cette abondance, c'est que All Clear est long, très long, comme Black-out l'était déjà avant lui, et je ne suis pas convaincu que l'histoire qu'ils racontent, aussi digne d'intérêt soit-elle, avait besoin de deux-mille pages (!) pour être racontée de la meilleure manière.

Et pourtant, c'est une très bonne histoire ! Les personnages sont attachants et marquants, l'atmosphère de la période rendue à merveille et l'intrigue se laisse suivre avec plaisir malgré des cliffhangers toujours aussi excessifs en nombre. Je ne regrette pas du tout ma lecture, mais je pense que j'apprécierai bien davantage les autres histoires de voyage temporel écrites par Connie Willis avant celle-ci, que ce soit Le grand livre (dont le cadre me parle davantage) ou Sans parler du chien (hommage à l'un des livres les plus drôles de tous les temps). Rien que pour m'avoir permis d'ajouter ces deux livres sur ma liste de trucs à lire, je suis content d'avoir lu Blitz.