Les Chroniques de l'Imaginaire

Une mystérieuse disparition (Agatha et Hercule - 1) - Tristan, Sylvain

Little Ville a littéralement été vidée de tous ses habitants adultes. Au lendemain de la fête de la choucroute, plus aucun adulte n’était là, laissant les enfants livrés à eux même. Ou presque. Dans chaque maison, un petit mot indiquant que les parents en avaient marre de leur progéniture, qu’ils ne voulaient plus s’en occuper et que c’est pour ça qu’ils partaient. Que les enfants se débrouillent sans eux, eux ils s'en lavent les mains !

Comme les adultes ne sont jamais revenus, ce sont les chères têtes blondes qui ont pris leur place à tous les postes de la vie quotidienne : coiffeur, pizzaïolo, éboueurs, chauffeurs de taxi, etc. Le tout sous l’incitation et surtout la surveillance de Little Big Mike, une véritable star chez les enfants et les adolescents.

Agatha et Hercule ont repris le flambeau de leurs parents et sont devenus policiers. Little Ville est une ville plutôt calme, à part une circulation parfois chaotique, ce qui donne au travail une allure de train-train quotidien confortable, mais tout va changer pour nos deux héros à la suite du vol de bonbons au salon de coiffure. Ils découvrent que les adultes ne sont peut-être pas partis de leur plein gré…

Avec son premier chapitre ultra-court (une page) mais ultra accrocheur, j’avais déjà envie de lire la suite du bouquin. Et je n’ai pas été déçue. L’histoire est plutôt bien ficelée et calibrée pour des jeunes lecteurs (9-12 ans d’après l’éditeur, même si je pense que 12 ans est vraiment la limite haute), avec des rebondissements, des exagérations et certains néologismes très réjouissant.

J’ai apprécié l’utilisation d’un vocabulaire plus soutenu que la moyenne, ce qui donne un roman ultra-vivant et bondissant. On peut reprocher l’utilisation de l’archétype « Agatha est vraiment une pipelette qui ne sait pas s’arrêter de parler », ainsi que celui de son frère « petit génie bricoleur-inventeur ». J’ai trouvé l’ensemble de l’histoire très sympa à lire. J’avoue que j’aurais apprécié un inversement des rôles, mais Agatha se révèle intelligente et plutôt futée dans son genre, tandis que son frère se rapproche plus du nerd monomaniaque.

La mise en évidence de certains mots et de certaines phrases prononcées à l’oral (en majuscule quand le chef de la police hurle, par exemple), avec un changement de typographie et un épaississement de la police utilisée est plutôt amusante dans l’ensemble, même si c’est parfois agaçant quand pour la énième fois Agatha fait un « HI HI HI » en croisant un garçon qu’elle apprécie. Heureusement l’auteur et l’illustratrice n’en ont pas trop abusé !

L'un des thème secondaire abordé est la manipulation des foules. Présentée de manière simpliste ici (un bonbon de "drogue" et de l'hypnose via la télévision), cela se révèle efficace et peut ouvrir à la réflexion sur "qui nous manipule et dans quel but ?".

Globalement on sent que l’auteur s’est bien amusé en écrivant ce roman, et maintenant j’attends la suite avec impatience.