Nous sommes en l'an 10191, après la fondation de la Guilde Spatiale. C'est l'empereur Padishah Shaddam IV qui dirige l'univers connu, lequel s'étend sur des centaines de mondes dans la galaxie. Le Jihad butlérien date maintenant de plus de dix-mille ans, et toute forme d'Intelligence Artificielle est désormais interdite, depuis que les Humains d'alors ont pu se libérer du joug des machines.
C'est dans ce contexte que nous faisons la rencontre de la famille Atréides, qui a le duc Léto Atréides comme chef. La rencontre a lieu sur la planète luxuriante Caladan, où on rencontre également dame Jessica, qui n'est pas la femme de Léto, mais sa concubine officielle. Jessica appartient à l'ordre des Bene Gesserit, qu'on pourrait qualifier de féministes avant l'heure, et par amour pour Léto, elle a décidé de lui donner non pas une fille, mais un fils, qui n'est autre que Paul Atréides.
Les Atréides vivent une vie où ils ne manquent de rien, sur Calladan, mais voilà que des décisions de l'Imperium sont tombées. Léto va devoir se rendre sur une planète peu hospitalière, mais ô combien importante dans cet univers : il s'agit de la planète Arrakis, plus connue sous le nom de Dune. La planète est désertique, il n'y pleut jamais, et seul un grand désert, parsemé de rares chaînes montagneuses, occupe sa surface. Pour autant, la planète en question est la seule qui produit l'Epice, le mélange, qui permet les voyages galactiques, et la longévité pour celles et ceux qui la consomment.
Dune possède aussi d'autres particularités : elle est aujourd'hui sous le joug de la maison Harkonnen, qui est une maison qui s'oppose depuis longtemps aux Atréides. Et de plus, on trouve une forme de vie animale sur cette planète, sous la forme d'énormes vers des sables, qui n'hésitent pas à détruire des villes ou des installations complète d'extraction de la fameuse Epice. Et il y a un peuple qui vit sur cette planète, que l'on appelle les Fremen. Un peuple séculaire, qui attend depuis longtemps un messie qui leur permettra de reprendre le contrôle de la planète, et de l'Epice...
Comment ne pas replonger dans le passé, avec ce livre incroyable de Frank Herbert, initialement paru entre 1963 et 1964 dans le mensuel Analog ? Personnellement, c'est un jeu vidéo, sur Amiga, qui m'avait plongé dans cet univers, avec une introduction incroyable où c'est la fille de l'empereur Padishah Shaddam IV qui s'adressait au joueur. Une scène bien entendue tirée du film de David Lynch, paru en 1984, dans lequel on peut d'ailleurs croiser Sting lui-même. Un film qui n'a pas eu les résultats escomptés, notamment lorsqu'on sait que Jodorowsky lui-même avait travaillé sur une adaptation au cinéma, avec notamment Moebius, mais aussi Salvador Dali qui devait jouer le rôle du baron Harkonnen...
Eh bien, force est de constater que le roman n'a pas pris une ride, plus d'un demi-siècle après sa sortie initiale, avec cette réédition de belle taille, qui paraît chez Pocket. Bien des sujets, encore d'actualité, sont abordés dans ce roman d'une richesse incroyable, et d'un avant-gardisme tout simplement hallucinant. On peut parler d'esclavagisme, d'une politique très travaillée, de philosophie, qui suinte à chacune des pages. On peut aussi voir Dune comme une incroyable histoire de science-fiction, qui jette les bases du genre, en complément de l'œuvre de quelqu'un comme Isaac Asimov.
L'écriture de Frank Herbert est ainsi incroyablement détaillée, et l'œuvre se mérite, clairement. Si vous êtes habitués à une écriture fluide et où les événements s'enchaînent à cent à l'heure, alors méfiance : l'écriture de Frank Herbert est à mille lieues de ce genre d'histoires qui sont vite lues, mais aussi vite oubliées. Ici, on doit vraiment prendre le temps, et ne pas juste se contenter de séances d'une dizaine de pages : en faisant cela, vous êtes certains de passer à côté de cette œuvre.
Dune est, et reste incontestablement, une œuvre majeure qui pose les bases de la science-fiction moderne, tout simplement. On pourrait encore en parler pendant des pages et des pages. Le mieux est de s'y plonger, tout simplement, en évitant de rencontrer un ver des sables...