Cela se tend, à force d'attendre, dans la relation entre Marius et Fanny. Si cette dernière a tenté de faire prendre conscience de son impatience, en acceptant les faveurs du vieux Panisse, Marius a toujours, de son côté, des rêves de voyages en mer plein la tête. Et ce ne sont pas les conversations qu'il a, le plus souvent en privé, avec de vieux marins sur le Vieux Port, qui rassurent Fanny...
Et cette tension, on la retrouve aussi chez les parents de Marius et de Fanny. Notamment, Honorine est là pour parler mariage, et le père de Marius entre dans la danse, lui aussi. D'autant qu'il surprend souvent son fils, qui quitte sa chambre pour ne rentrer qu'au petit matin. Ce que le père de Marius ignore, par contre, c'est que ce n'est pas en charmante compagnie que se retrouve son fils, mais en grande discussion avec des marins qui proviennent de mille provenances...
Mais pour autant, l'idée de faire de Fanny sa compagne officielle fait tout de même son chemin, dans l'esprit de Marius. Les deux tourtereaux se mettent à passer de plus en plus de temps ensemble, et Fanny en est ravie. Mais la jeune Marseillaise se rend bien vite compte que les rêves de voyages sont toujours dans la tête de Marius. Elle l'aime, certes, mais elle ne veut pas non plus devenir celle qui va empêcher Marius d'accomplir ses rêves. Une situation complexe, peut-être même inextricable, surtout quand les vieux s'en mêlent, et sans avoir toutes les cartes en main...
A propos de cartes, la scène de partie de carte, célèbre avec le fameux "Tu me fends le cœur", est absolument jouissive et drôle, dans ce second tome de Marius, qui signe la fin de l'adaptation de la célèbre pièce de Marcel Pagnol en bande dessinée, dans la collection Marcel Pagnol chez Grand Angle. Les dessins de Sébastien Morice ne sont pas étrangers dans la réussite de cette adaptation, notamment avec ce trait plein de finesse, et ces personnages pleins d'humanité et d'expressions réussies, comme cela était déjà le cas dans L'île aux remords par exemple.
Les personnages marseillais sont encore une fois éclatants de réalisme dans ce second tome, et ils sont surtout parfaitement mis en scène : le livre est tantôt extrêmement drôle, tantôt dramatique, avec cette relation qui se complexifie, entre Marius et Fanny, et qui donnera bien sûr lieu à une suite... Cela ne peut pas se terminer comme cela !
Ce diptyque Marius est un petit bijou, un fleuron en tout cas de ces adaptations de l'œuvre de Marcel Pagnol en bande dessinée, chez Grand Angle !