Ce recueil regroupe seize nouvelles, de longueur inégale, d'une indéniable qualité littéraire, et j'en ai beaucoup aimé certaines, à commencer par Mahrem, qui ouvre le feu avec une histoire frôlant élégamment le fantastique. En revanche, elles ne sont pas d'une lecture facile, les exemples les plus évidents de cette difficulté étant Fritzi von Bolderschwing, une biographie racontée à l'envers, ou Digression, dont le contenu illustre à merveille le titre.
Le découpage en trois parties m'a paru, à la réflexion, plutôt logique, la première ("pendant") regroupant des textes pimentés de fantastique sur les problématiques actuelles mises en regard de thèmes intemporels, sur le naufrage des bateaux de migrants et Antigone, avec Le rugueux, le lisse, la traversée dangereuse de la frontière sud des USA, avec L'ombre, et la "réalité" des peurs enfantines avec Bruit noir.
Ceux qui composent la partie "Après" se situent dans un futur alternatif, et/ou non-précisé, qu'il s'agisse de l'obsolescence programmée des humains dans Turnover, d'une société post-réchauffement climatique dans Delta Blues, ou de l'occupation différente d'installations olympiques désertées dans Ombilic.
La raison de la dernière dénomination m'a paru évidente, puisqu'elle contient les textes les plus évidemment science-fictifs du recueil, et d'ailleurs, à mon avis, les plus difficiles à lire.
Dans tous les cas, le style est infiniment personnel, à la fois simple et travaillé, et, je l'ai dit, pas vraiment facile d'accès. Je reste très curieuse de leur autrice, et je ne manquerai pas de lire ses autres publications, mais ils sont sans doute à réserver à un lectorat motivé et exigeant.