La vie d'un Salaud Gentilhomme n'a décidément rien d'un long fleuve tranquille. Si Locke Lamora et Jean Tannen ont réussi à s'échapper de Tal Verrar en vie, le casse du siècle qu'ils projetaient s'est terminé en fiasco et, plus grave, le poison à action lente qu'ils avaient avalé continue à ravager le corps du premier, qui a choisi de laisser son plus fidèle ami boire la seule dose d'antidote dont ils disposaient. Les plus brillants medekiners et alchimistes sont impuissants à enrayer les effets du venin et Lamora semble promis à une mort atroce. Alors, quand une Mage Esclave sort de nulle part pour leur offrir un espoir de guérison, les deux Salauds Gentilshommes sautent sur l'occasion, même s'ils ont de bonnes raisons de se méfier. En échange, ils doivent se rendre à Karthain, le bastion des Mages Esclaves, et faire en sorte d'influer sur le résultat des élections du conseil municipal en faveur du parti des Racines Profondes. Le parti adverse, les Iris Noirs, a également fait appel à une étrangère pour s'assurer de remporter la victoire. Ce n'est autre que Sabetha, l'amour d'enfance de Lamora, qu'il n'a pas revue depuis des années…
Dans ce troisième tome de la série des Salauds Gentilshommes, Scott Lynch propose deux récits en un. Le premier, qui prend place à l'époque présente, suit les mésaventures de Lamora et Tannen, plongés dans une ville dont ils ne savent rien, au milieu d'intrigues politiques aussi tarabiscotées que vaines puisque les vrais seigneurs de Karthain sont évidemment les Mages Esclaves, les élections n'étant là que pour distraire la population locale. Les coups bas et mauvaises blagues sont nombreux et nos héros en sont tour à tour les instigateurs et les victimes, ce qui est fort distrayant. La tension est au rendez-vous grâce à la relation entre Locke et Sabetha, rivaux mais amoureux, qui doivent prendre soin de ne pas se mettre à dos leurs commanditaires.
L'autre fil narratif retrace toute l'histoire de Locke et Sabetha. Elle commence avec leur toute première rencontre, alors qu'ils étaient encore de jeunes orphelins à la botte du cruel Faiseurs de voleurs, et se poursuit jusqu'à leur adolescence en retraçant en détail une mission pour le moins inhabituelle confiée par le père Chains à ses Salauds Gentilshommes : s'enrôler dans la troupe d'un vieil ami pour l'aider à monter une représentation de La République des voleurs, une célèbre pièce de théâtre. Cette partie du récit, entrelacée avec l'autre, s'intéresse davantage aux sentiments des deux jeunes voleurs, avec un Lamora transi d'amour qui ne cesse de faire des gaffes et une Sabetha plus méfiante qui met du temps à s'ouvrir à lui. C'est aussi l'occasion bienvenue de revoir toute la bande des Salauds, avec le rusé père Chains et les jumeaux déjantés Calo et Galdo qu'on n'avait pas revus depuis le tome 1.
La république des voleurs est un aussi bon livre que les deux tomes précédents de la série : c'est une aventure très rythmée et pleine d'humour qu'on a du mal à lâcher avant la dernière page. La seule chose qui risque de décevoir les fans, c'est de découvrir que sept ans après sa sortie, Scott Lynch n'a toujours pas terminé le tome 4 !
