Les Chroniques de l'Imaginaire

Terre (Les Éternels - 2) - Kaufman, Amie & Spooner, Meagan

Après s’être lancés dans l’exploration de l’intrigante planète Gaïa, retour sur Terre pour Jules et Amelia, surnommée Mia. Les deux compagnons d’infortune sont néanmoins piégés sur un vaisseau extraterrestre qui ne projette rien de moins que d’envahir la Terre et de décimer l’humanité. Pour Jules, digne fils de son père, célèbre scientifique et lanceur d’alerte, leur objectif est évident : trouver un moyen de contrer l’invasion. Pour Mia, jeune orpheline qui cherche avant tout à protéger sa sœur, ce choix est moins évident. Elle considère que ce n’est pas son rôle de changer le monde et que la survie des gens qu’elle aime est plus urgente.

Ce second tome des Éternels reprend les différences d’éducation et de conditions de vie des protagonistes pour les soumettre à différents dilemmes moraux. Est-ce vraiment à eux, des adolescents, de tenter de sauver le monde ? De se battre contre des extraterrestres surpuissants mais aussi et surtout contre des gouvernements qui ne les croient pas et ne veulent pas de leurs preuves scientifiques, contre une population suspicieuse des lanceurs d’alerte ? Ne doivent-ils pas plutôt se consacrer à ceux qu’ils aiment tant qu’ils le peuvent, quitte à périr de toute manière ? Si on enlève les extraterrestres de l’équation, nul doute qu’on retombe sur des débats qui animent la société actuelle.

Le roman, à l'évidence conçu pour la jeunesse, n’hésite d’ailleurs pas à adopter par endroits un ton moralisateur pour dénoncer le saccage des ressources, la division politique de l’humanité, les inégalités économiques. Cela n’apprendra rien de neuf aux adultes mais aura le mérite de faire réfléchir les plus jeunes ou de trouver un écho à leurs préoccupations. Des deux positions, de celle de Mia et de Jules, il y en a bien sûr une favorisée par le récit mais les deux sont défendues. Leurs côtés négatifs et positifs sont bien exposés, dans tout ce qu’ils ont de viscéral.

Puisque les héros sont de retour sur notre planète, le mystère et l’aura singulière de Gaïa font un petit peu défaut. L’action est certes toujours au rendez-vous mais les protagonistes se font plus souvent passagers de leur propre aventure et l’univers terrien post-apocalyptique esquissé dans le premier tome ressemble de près à notre monde actuel. On passe malheureusement un peu vite sur des scènes à fort potentiel anxiogène, comme celles dans les couloirs du vaisseau, et la clé du mystère de l’invasion est évidente. Malheureusement, la résolution de l’histoire, si elle donne lieu à une belle scène d’action, est assez facile et verse dans l’eau de rose alors même qu’on aurait pu croire qu’elle assumerait de rester en demi-teinte.

Pour résumer, ce second tome de la série des Éternels est une petite déception pour moi. Pourtant, celle-ci vient probablement du fait que je l’ai lu avec mon regard adulte alors qu’il est évident que ce volume se destine aux adolescents de treize/quatorze ans. À cet âge, je pense que j’aurais adoré d’un bout à l’autre ce récit. Je ne peux que le recommander au jeune public amateur de science-fiction, de lutte contre l’ordre établi, d’amitié et de romance. Par contre, un public adulte et habitué du genre risque de rester sur sa faim.