On connaît surtout George R.R. Martin pour son œuvre Le trône de fer. Mais le voici ici dans un exercice très différent, la science-fiction, plus précisément le space opera. Et c'est une vraie réussite !
Haviland Tuf est l'heureux propriétaire d'un vaisseau marchand au joli nom de Corne d'Abondance d'Excellentes Marchandises à Bas Prix. Mais les affaires ne sont pas florissantes. Aussi, quand il est contacté par un groupe de quelques personnes pour partir vers une destination lointaine, à la recherche d'une mystérieuse Étoile de la Peste, il accepte sans rechigner.
Pendant le voyage, il va apprendre que cette étoile qui provoque maladies et désolations à chacun de ses passages dans l'orbite d'une planète est en fait un vaisseau géant (long de trente kilomètres !) qui a été abandonné il y a des centaines d'années. Ce vaisseau pratiquait la guerre chimique, à coups de virus et de maladies.
Lorsque la Corne d'Abondance arrive à proximité du vaisseau tant convoité, dénommé l'Arche, celui-ci les attaque et provoque des avaries. Il va donc falloir se défendre et se séparer en petits groupes pour pouvoir monter à bord de l'Arche pendant que les autres tentent de sauver leur peau.
Sur l'Arche, commence alors une chasse à l'homme où chacun veut éliminer les quatre autres pour pouvoir être le seul heureux possesseur de l'Arche et des richesses qu'il détient.
Par d'heureux hasards et de multiples rebondissements, c'est bien sûr notre cher Haviland Tuf qui va survivre et devenir le propriétaire de ce vaisseau extraordinaire, qui s'autogère, et dans lequel des cuves de clonage permettent de recréer presque à volonté n'importe quelle espèce animale ou végétale.
Ceci n'est que le résumé du premier chapitre de ce roman foisonnant, truculent, aux dialogues savoureux, aux rebondissements étourdissants. Chaque chapitre est comme une nouvelle, racontant une nouvelle aventure de Haviland Tuf sur une autre planète, un autre monde, à la rencontre d'autres personnes qu'il va aider, toujours à l'aide de l'Arche, contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Haviland Tuf est un personnage atypique et attachant qui rend ce roman très agréable à lire. Il est grand (deux mètres cinquante !), gros, végétarien. Il se nourrit de champignons, cuisinés sous toutes les formes possibles (même sous forme de vin de champignon, si, si !), et il adore les chats. Pour lui, une société n'est intelligente que si elle vit avec des chats.
Lorsque l'histoire commence, il a deux chats : Dévastation et Champignon. Et ceux-ci jouent un rôle important dans l'histoire, tout comme dans les chapitres suivants où les animaux, et notamment les chats, ont leur rôle à jouer.
Haviland Tuf est un personnage vraiment à part. Il n'appartient à aucun monde. Il se déplace de planète en planète, découvre de nouvelles sociétés, de nouvelles façons de vivre. Il n'aime pas la foule, n'aime pas le contact des humains, juste celui de ses chats. Mais il aime aider ses prochains (et gagner de l'argent !), et surtout leur prouver que leur façon de vivre n'est pas toujours la meilleure des façons.
Ainsi, au cours de ses pérégrinations il va aider une planète à lutter contre la surpopulation, une autre à revoir sa conception des jeux à base de combats à mort d'animaux. Encore sur une autre planète, il va démasquer un soi-disant prophète du nom de Moïse qui maintenait son peuple sous son joug.
C'est un roman drôle, avec un héros vraiment très attachant. On le lit le sourire aux lèvres de bout en bout. Un très agréable moment de lecture, très dépaysant.