Août 1742, aux abords de la forteresse de Louisbourg, en Acadie. Le capitaine Yann De Kermeur n'y va pas avec le dos de la cuiller, pour faire libérer ses hommes, retenus à cause de Wagner : il entreprend de tirer à coups de canons sur les murs de la forteresse, abîmant au passage les contreforts qui venaient d'être refaits... Wagner est prêt à envoyer le bateau de Kermeur par le fond, et c'est in-extremis qu'intervient le gouverneur Duquesnel...
L'homme, ancien marin, estropié de son état, ordonne immédiatement la libération des hommes de Kermeur, qui est muni d'ordres royaux, et fait vite arrêter le suisse Wagner, qui va bientôt en prendre pour son grade, lors d'un procès où tous vont le charger, y compris la Princesse Mali, qui révèle pour l'occasion, devant une assemblée médusée, qu'elle est parfaitement capable de comprendre et de parler le français…
Kermeur, l'Epervier, est quant à lui très partagé, entre ce qu'il entrevoit comme étant la fin de sa mission, et son empressement de rentrer en France métropolitaine. Sa fiancée de toujours, Agnès, est forcée d'épouser Monsieur De Beaucourt, un bourgeois aux méthodes pour le moins discutables, qui souhaite mettre la main sur la richesse de la famille d'Agnès. Ce n'est que par hasard que l'Epervier apprend la nouvelle, et cela va aussi le faire hésiter sur la suite de sa mission, qui va prendre une autre tournure, inattendue…
Car la Princesse Mali est en danger, pour des raisons très contractuelles… Bien des hommes sont blessés, sur des tentatives d'assassinats ratés, souvent grâce à l'intervention de l'Epervier. L'homme s'est intéressé à Mali, et il ne peut se résoudre à l'abandonner. Il va falloir à présent l'accompagner à Québec, avant d'enfin partir pour la traversée de l'Atlantique…
Ce dixième tome de L'Epervier, importante série à succès de Patrice Pellerin, est encore une fois une grande réussite : on y retrouve les dessins pleins de détails et de réalisme de Patrice Pellerin, avec encore une fois chaque case qui sent les heures de recherches. Que ce soit en Acadie, à Paris ou en Bretagne, l'auteur est parfaitement à l'aise pour retranscrire les décors et les ambiances, et il en est toujours de même pour les personnages, leurs expressions, et leurs superbes uniformes ou costumes d'époques. Mention spéciale pour les cases luxueuses qui se déroulent au château de Versailles, avec des détails absolument remarquables.
Du côté du scénario, la casquette de scénariste de Patrice Pellerin est, elle aussi, mise à l'épreuve de belle manière. L'auteur est à l'aise dans les relations entre l'Epervier et la jeune princesse Mali, les scènes d'action, et c'est aussi le cas dans les nombreux complots politiques, et les échanges souvent secrets qui ressortent parfaitement, dans le contexte décrit dans ce tome.
Pour conclure, ce dixième tome de L'Epervier est encore un tome solide, complet, et au charme certain. Certes, le classicisme est de rigueur, et c'est tant mieux lorsqu'on voit la qualité finale de ce nouveau tome, qui ravira sans nul doute les amateurs de la série.