Un journaliste anglais est envoyé sur le front pour témoigner, raconter en toute objectivité la guerre de Sécession. C'est bien sûr Blutch et Chesterfield qui vont l'accompagner et le protéger pendant qu'il prend des notes pour ensuite, plus tard, envoyer son article au Times par télégramme. Monté sur sa mule, flegmatique comme seul un Anglais peut l'être, cet envoyé spécial va vivre le quotidien des Nordistes et des Sudistes, neutralité oblige.
Ce personnage est un personnage réel. Il s'agit de William Howard Russell, qui fut l'un des premiers envoyés spéciaux en temps de guerre.
On rencontre également Daisy, une jeune femme courageuse qui s'occupe d'orphelins et on retrouve avec plaisir les facéties d'Arabesque, la jument de Blutch, qui sait bien comment il faut réagir quand quelqu'un crie "Chaaaargez !!!".
C'est un numéro qui change les habitudes du lecteur, il faut bien l'avouer. Même si on retrouve nos deux comparses, avec toujours leurs dialogues savoureux, les piques qu'ils savent se lancer avec beaucoup d'humour et d'ironie parfois morbide, ils sont différents, déjà dans leur aspect. Sous la patte du nouveau dessinateur, Munuera, ils sont plus sveltes et élancés (surtout Chesterfield qui a perdu son petit ventre, ce qui m'a un peu surprise et presque déçue). Les traits sont plus fins, les visages plus expressifs, et pour certains personnages plus réalistes, choix expliqué par le dessinateur dans le préambule.
La mise en page des vignettes est également différente, avec de nombreuses vignettes sans texte, et une scène de combat occupant une double-page, rarement (voire jamais) vue dans cette série. Cela apporte une nouvelle fraîcheur et peut-être un peu plus de modernité.
Le scénario est riche, abouti, agréable à lire, plus consistant que les derniers numéros qui devenaient insipides au fil des années. C'est même peut-être presque trop riche, car beaucoup de choses sont racontées, en peu de pages, et ça va un peu trop vite. Mais au moins, il se passe enfin quelque chose d'intéressant !
Pour ce scénario vivant et dynamique, ce sont finalement les trois nouveaux comparses qui s'y sont collés: le duo BeKa et Munuera. En préambule de la bande-dessinée, les nouveaux dessinateur (Munuera) et scénaristes (Les BeKa) expliquent dans un interview comment s'est passée la collaboration, leur attachement pour Les Tuniques bleues, leurs façons de travailler et de collaborer. C'est instructif et très intéressant à lire.
Le résultat est un numéro plein de nouveautés, avec un humour enfin retrouvé, et plein de promesses pour la suite de l'aventure des Tuniques Bleues.