Geralt de Riv est un sorceleur. Une aberration pour la plupart des gens, mais un guerrier impitoyable qui gagne sa vie en tuant les monstres qui menacent les villes ou les villageois. Un mal nécessaire en somme, ce qui n’empêche pas la population de le détester la plupart du temps.
Geralt arrive à Blaviken, apportant avec lui une kikimorrhe qu’il vient tout juste d’abattre. Il se rend donc chez le maire dans l’espoir d’obtenir une récompense pour avoir débarrassé la contrée de cette menace. Celui-ci refuse de le payer mais propose à Geralt de rencontrer le mage Irion qui a élu domicile dans la cité : peut-être que celui-ci serait intéressé par la bestiole ? Quand Geralt entre dans le beffroi, il se rend compte que celui qui se fait appeler Irion n’est autre que Stregobor, une de ses connaissances, qui se cache à Blaviken pour fuir le courroux de la princesse Renfri, alias la Pie-Grièche. Il demande à Geralt de l’en débarrasser…
Le moindre mal est une nouvelle qui est issue du Dernier vœu, le premier tome de la saga littéraire du Sorceleur. L’histoire de cette nouvelle montre l’une des facettes du sorceleur, l’une de celles qui lui ont valu le surnom de « Boucher de Blaviken ». Une facette violente donc, mais ce qui l’a amené à gagner ce surnom l’est tout autant.
Le moindre mal, c’est choisir la solution qui, à terme, est la plus responsable, celle qui arrêtera des meurtres ou des guerres, celle qui est la plus difficile à prendre et à tenir. Toute cette nouvelle tourne autour de cette notion, et le talent de Sapkowski tient dans l’équilibre qu’il arrive à insuffler à ses personnages et à la situation : tout n’est pas tout blanc, ni tout noir. Ce n’est pas une simple dichotomie : le bien contre le mal, mais un équilibre subtil et difficile à obtenir. Personne n’est entièrement coupable, ni entièrement innocent. Et c’est ce qui fait la force des histoires du Sorceleur et de celle-ci en particulier.
Les illustrations de ce volume sont particulièrement réussies. Pour ceux qui ont joué aux jeux vidéos tirés de la saga, ils reconnaitront facilement la place du marché de Blaviken, et pour ceux qui ont vu la série télévisée, l’intérieur de la tour du mage vous rappellera furieusement la scène où Geralt entre dans la tour d’un mage.
L’une des premières illustrations m’a particulièrement frappée. On y voit le corps étendu d’une jeune fille morte autour duquel des médecins sont penchés. Pinson s’est fortement inspiré de la leçon d’anatomie de Rembrandt pour illustrer cette scène, et il faut avouer que c’est particulièrement réussi.
Nous avons donc là une nouvelle illustrée d’excellente facture. L’histoire est intéressante, reprenant une partie des codes des contes de fées connus, et elle est richement illustrée, ce qui en fait un très bel objet. Le seul petit bémol - et encore, c’est parce que je suis tatillonne - c’est la taille de ce livre, qui dépasse quasiment tout ce que j’ai dans mes bibliothèques.