Les Chroniques de l'Imaginaire

La chose - Campbell, John W.

Dans ce roman datant de 1938, on se retrouve plongé au cœur d'un huis-clos insoutenable.

Sur la calotte glaciaire, en pleine expédition polaire, une quarantaine d'hommes - scientifiques, médecins, météorologues et autres métiers - est face à un dilemme : que faire de la chose qui vient d'être découverte, enfermée dans un bloc de glace ?

Ce n'est pas humain, ni animal, c'est une chose provenant certainement d'une autre planète, et âgée de plusieurs millions d'années. Le débat fait rage entre ceux qui veulent dégeler la chose, qui est assurément morte, et ceux qui préfèrent l'enfouir à nouveau dans la glace et l'oublier pour encore quelques millions années.

Le choix est finalement fait de dégeler la créature qui n'a rien d'humain : trois yeux rouges, une face exprimant une rage intense, des sortes de vers bleus sur la tête en guise de cheveux, des excroissances faisant office de membres. Mais la surprise est grande lorsque le lendemain, la chose en train de dégeler dans un coin, sous la surveillance d'un homme, cette chose censée être morte depuis tellement longtemps, a disparu.

C'est le branle-bas de combat dans la station. La chose va être retrouvée, sa nature véritable identifiée par les scientifiques, mettant en danger non seulement les hommes présents, mais toute la planète Terre.

Sans en dévoiler plus, on peut dire que ce huis-clos est difficile à lire, tant par l'oppression ambiante que l'auteur a parfaitement réussi à rendre que par la complexité des théories scientifiques qui sont exposées. Le roman est très court, il se lit en à peine quelques petites heures, et cette densité rend le tout bien opaque.

On comprend à demi-mots les démonstrations faites par les scientifiques et médecins, mais cela demande une grande attention. Je n'avais jamais lu ce roman dont c'est ici une nouvelle traduction qui est mise en avant, plus moderne semble-t-il, et je ne peux pas comparer avec les premières versions, mais j'ai beaucoup apprécié sa lecture.

L'auteur et le traducteur ont parfaitement su rendre l'ambiance étouffante et critique d'un huis-clos mortel. C'est oppressant, sombre, mais on ressent un immense soulagement aussi à la fin du roman.

Seul petit reproche que je ferais : il y a trop de personnages, et en si peu de pages on a du mal à se souvenir de qui est qui, mais cela n'empêche pas de reconnaître l'immense talent et l'intelligence de l'écriture de l'auteur.