Carroll Mac Mael Muad est certes heureux à Reez Manor, avec la belle Dana Reez, mais Julius Khool, lui, serait prêt à manger son chapeau d'ennui s'il en portait un. Il soupçonne d'ailleurs, à tort ou à raison, que son jeune compagnon commence, en guise de chapeau, à ronger son frein. La visite à l'oncle Finn, en Irlande, pour lui demander sa bénédiction avant le mariage, ressemble furieusement à un prétexte pour aller courir l'aventure, même si Dana les accompagne. Mais en fait, cette visite va déboucher sur une aventure, et des plus dangereuses.
En effet, Carroll est déçu que son oncle Finn refuse catégoriquement de parler des derniers jours des parents du jeune homme, à qui il interdit même d'y penser. Convaincu qu'il y a là un mystère à éclaircir, Carroll part en expédition dans le grenier, et en revient avec l'automate qui a enchanté son enfance, George X. McKey. Les révélations de ce dernier, après réparation, expliqueront l'apparente obsession du père de Carroll pour le cycle arthurien, et entraîneront Carroll et Julius en Amérique, sur les traces des parents de l'enchanteur à la recherche d'Excalibur. Pendant ce temps, les légions impériales envahissent la Pannonie, et il s'écoulera sans doute peu de temps avant que nos héros soient appelés sous les drapeaux.
L'auteur semble s'être beaucoup amusé à intégrer les peuples féeriques, la magie et le roi Arthur, dans une uchronie où les nations natives d'Amérique du Nord sont parvenues à s'allier pour mettre un terme aux incursions des Visages Pâles, et où l'empire romain semble s'être perpétué. C'est un mélange que j'apprécie moi-même, et il y a des idées originales, parmi lesquelles je retiens le tatouage de Presence, des scènes bizarres ou drolatiques, dont la baignade dans l'étang à Providence, et un monde entre uchronie et steampunk intéressant.
Je soupçonne toutefois que j'en saurais davantage à propos de cet univers si j'avais lu le tome précédent, Opération Sabines. Il n'est pas nécessaire de l'avoir lu pour comprendre ce qui se passe dans celui-ci, mais un bon nombre de références manquent. Je conseille donc de ne pas m'imiter, et de commencer par le tome un de la série. Ce qui m'a véritablement gênée, toutefois, c'est le style : je l'ai trouvé insupportablement ampoulé. Je comprends qu'il vise à imiter celui des romanciers de la fin du XIXe ou début du XXe siècle, mais l'imitation a sonné artificielle à mon oreille, et je l'ai trouvée plus pénible que drôle, si un effet comique était recherché.
En revanche, j'ai été intéressée par les personnages, surtout secondaires, qu'il s'agisse de Nuit-Sans-Lune, de sa fille Violette, ou de George Mc Key, donc chacun.e a des caractéristiques très personnelles et originales. Les références et hommages littéraires, à Poe, Lovecraft ou aux auteurs des romans "arthuriens" sont amusants. A ce propos, je me demande quel est le sens de la référence à Frank Herbert, s'il y en a bien une. Mais d'où, sinon, pourrait sortir un nom aussi ressemblant à celui de Jorj X. McKie, l'agent du BuSab ?
En somme, un univers et des personnages intéressants, une histoire pleine de rebondissements, un mélange séduisant de technologies "modernes" et de magie, peuvent faire de ce roman une lecture de distraction plaisante.