Les Chroniques de l'Imaginaire

Wika et la gloire de Pan (Wika - 3) - Day, Thomas & Ledroit, Olivier & Ledroit, Olivier

Wika Grimm git sous l'Yggdrasil en flammes. Le roi Obéron a-t-il porté un coup fatal à la rébellion ? Loin s'en faut ! En violant le Sanctuaire, ses Loups ont attiré la malédiction de Pan. Wika revient à la vie et ses alliés toujours plus nombreux vont désormais attaquer de front le tyran.

En introduction de ce troisième et dernier tome de Wika, on assiste à un retour en arrière retraçant la naissance des enfants de Wotan - les jumeaux Obéron et Titania -, l'armure magique d'orichalque offerte au jeune prince par les douze fées majeures et la sombre promesse de Megg, la sorcière de l'Est : si Obéron utilise cette armure protectrice pour la guerre, la suprématie ou la vengeance plutôt que pour unir les peuples, alors il sera maudit jusqu'à l'annihilation.
Evidemment, comme Obéron s'est laissé consumer par la folie, l'armure s'est retournée contre lui et le dévore peu à peu. C'est bientôt la fin d'un cycle ancien, qui laissera place au renouveau. Mais pour ça, il faut en passer par des affrontements de grande ampleur impliquant tous les peuples magiques.

Honnêtement, au niveau du scénario, ce dernier tome sonne encore plus creux et convenu que les précédents, avec principalement une succession de combats. Le récit est cependant allégé par des touches comiques irrespectueuses régulières, avec par exemple les allusions récurrentes à l'aversion d'Haggis pour la propreté. 

Le récit mêle allègrement les éléments issus d'univers très différents. Le fond est lié aux folklores médiévaux, qu'ils soient scandinaves ou germaniques (les fées et elfes, les kobolds et les nains...). Les références aux contes traditionnels de Grimm sont nombreuses, dès le nom de l'héroïne : trois "petits" cochons, le joueur de flûte de Hamelin, les sept nains et la blanche neige, le nain Tracassin, sans oublier le baiser d'amour princier qui réveille la belle princesse... Mais tout est revisité bien loin de la version originale ! Les auteurs s'amusent, et ajoutent également des références bien éloignées de tout ça : les sept péchés capitaux, ou encore des allusions au bûcher des vanités ou à l'échiquier du mal... Le tout baigne dans une omniprésente atmosphère steampunk, avec des vaisseaux volants, des hauts-de-forme et les dunettes d'aviateur... Bref, c'est vraiment un joyeux gloubi-boulga, et parfois la combinaison a un peu de mal à passer, trop c'est trop.

On oublie vite la pauvreté du scénario devant la grandiosité des dessins. Wahou, quelle claque, c'est sublime ! Olivier Ledroit a un style très personnel difficile à rater. Personnellement, j'ai un faible pour les ailes des elfes, les armures et les décors naturels, mais tout le reste est également joliment réussi.

Les planches sont très chargées, avec une grande richesse et des habillages graphiques omniprésents : engrenages, arabesques, yeux ou papillons... On sent les heures passées à plancher avec minutie sur les moindres éléments ! Les dessins occupent tout l'espace, sans fond ni marge nulle part. Ceci est d'ailleurs parfois fatiguant, car quand on tourne une page, il faut faire un effort pour savoir si on a affaire à une double planche ou à deux planches différentes, et du coup on peine parfois à savoir dans quel ordre lire les cases.
A noter un sens de lecture modifié pour les scènes dans le Sidh - le domaine céleste de Pan - ainsi qu'une scène centrale en quadruple page, avec des rabats ! Pas toujours pratique, mais cela en met plein les yeux.
Bref, le dessinateur s'éclate et le lecteur aussi !

La trilogie ne brille pas par son scénario : en relisant les tomes précédents en préambule à celui-ci, j'ai réalisé que j'avais oublié une grande partie des rebondissements, et je pense qu'il en ira de même pour celui-ci. Mais visuellement, c'est exceptionnel, j'ai été bluffée par cette féérie steampunk et je ne me lasse pas de feuilleter les albums encore et encore ! J'adore cette série : si les dessins vous font de l'œil, n'hésitez pas à la découvrir aussi, c'est un régal pour les yeux !