Les Chroniques de l'Imaginaire

Contes - Unamuno, Miguel (de)

Difficile de résumer les Contes de l'écrivain espagnol Miguel de Unamuno. Comme la vie de leur auteur, les soixante-deux nouvelles réunies dans ce recueil se situent à la charnière de la fin du dix-neuvième siècle et du début du vingtième, leur rédaction s'étalant entre 1888 et 1924. Le titre reflète bien leur nature : toutes pourraient commencer par la phrase « Il était une fois » (et certaines le font, d'ailleurs), et elles dépeignent un univers à la fois familier et étrange, d'autant plus étrange pour le lecteur du début du vingt-et-unième siècle pour qui les bistrots de village, les mariages arrangés et les domestiques ont un parfum de passé lointain.

Séduit par la couverture très magrittienne de l'édition Folio Classique, alléché par la quatrième de couverture qui osait la comparaison avec Jorge Luis Borges et Dino Buzzati, je me suis plongé avec enthousiasme dans ce recueil et j'en ressors un brin déçu. Je n'ai pas retrouvé chez Unamuno le jeu sur les formes de l'écrivain argentin, ni la loufoquerie absurde de son homologue italien. Chez lui, les choses sont bien plus traditionnelles, le fantastique est presque entièrement absent et lorsqu'il s'essaie à l'humour, c'est davantage pour susciter un sourire attristé devant l'absurdité du monde que pour faire rire. Bien souvent, à la fin d'un texte, c'est un léger malaise qui s'est emparé de moi, une vague impression de ne pas voir où Unamuno voulait en venir, ou bien, dans les nouvelles où sa religion transparaît le plus, l'impossibilité de partager ce qui était sans doute pour lui une conclusion satisfaisante.

En fin de compte, j'ai, je l'avoue, abandonné ce livre aux trois-quarts. Quelques textes m'ont particulièrement plu, je retiendrai notamment Un coup de foudre avec son couple paradoxal ou l'impitoyable cruauté de Juan Manso, mais ils constituent davantage l'exception que la règle. Ce recueil s'adressera davantage aux lecteurs qui aiment les contes moraux ou qui souhaiteraient s'imprégner de la vision du monde d'un homme ayant vécu au tournant du vingtième siècle.