Un psychologue nous livre sa vision très particulière des troubles qui affectent ses patients, qu’il nomme des Monuments et dont il salue l’esprit poétique et philosophe, comme si la folie humaine ou la déviance recelaient des perles de vérité ou de sagesse mésestimées. Il nous dévoile, en parallèle, les tourments d’une enfance de maltraitance où l’horreur ne tarde pas à prendre la forme de monstres en tous genres.
Un jour qu’il exerce dans son centre psychiatrique, il rencontre une femme persuadée d’être une elfe. Elle revêt pour lui des caractéristiques si spéciales, déploie des dons si singuliers, qu’il paraît bel et bien la croire. Il lui paraît alors que sa présence, s’il parvient à ne pas l’effaroucher, lui permettra de repousser les monstres qui le tourmentent toujours.
J’ai beaucoup hésité à lire ce court roman car il me paraissait dérangeant, à la lecture du résumé. Or, je me tiens éloignée de tout ce qui me dérange trop, surtout dans le contexte de la pandémie sanitaire. Cependant, j’aurais eu tort de ne pas lui donner sa chance car, si le sordide affleure parfois dans les événements racontés par le narrateur, le ton de l’ouvrage l’est étrangement peu. Le lecteur n’a que les mots de ce narrateur pour se faire une idée de ce qu’il se passe et ce dernier a une perception de la réalité pour le moins insolite. Le style d’écriture est à son image, parfois fluide mais le plus souvent décousu, empli d’images étranges et globalement déroutant.
Le récit de son enfance et de son adolescence est sans conteste le plus glaçant, entre l’horreur de ce qui nous est raconté et l’horreur qui ne nous est pas racontée mais qu’on devine entre les lignes. Les anecdotes autour des Monuments apportent, elles, une note de légèreté bienvenue. Elles sont à la fois curieuses, divertissantes et même attendrissantes à travers les efforts que fournit le narrateur pour comprendre ses patients et donner du sens à leur vie. Entre les deux, l’histoire avec l’Elfe est peut-être la plus intrigante : est-elle vraiment une elfe ? Est-elle d’ailleurs réelle ou imaginée par le narrateur ? Les questions se bousculent sur sa nature mais, quelles que soient les réponses, l’amour est au cœur de ces pages, avec ce qu’il suppose de magique mais aussi de triste lorsque les passions s’amenuisent et que l’être aimé s’éloigne.
Monstrueuse féérie plaira sans doute davantage à ceux qui s’intéressent à la psychologie humaine mais intriguera également les adeptes de merveilleux un peu sombre et de poésie décalée.