Les Chroniques de l'Imaginaire

Les Chevaliers de Camelote (L'Ordre du Cygne - 1) - Salobir, Virginie

L’Ordre du Cygne est l’unité d’élite du Royaume des Lacs d’Argent, constitué des chevaliers les plus talentueux. Parmi ses faits d’armes, on compte sa victoire face aux forces du Royaume de Malebrune et de son sorcier malfaisant, Mnéfeth. Le prix à payer pour l'Ordre fut cependant bien amer : la mort de cinquante de ses chevaliers, dont leur chef, Tancrède. 

Sept ans plus tard, l’Ordre ne compte plus que neuf chevaliers et leurs écuyers. Le Grand-Maître de l’Ordre, Walgrïn, les a formés en toute précipitation et ne cache pas son désarroi devant ce qu’il considère être des chevaliers de camelote comparés à leurs défunts aînés. Oswald de Howen, nouveau Grand Chevalier, supporte mal cette appellation et aimerait ne plus vivre dans l’ombre de Tancrède, son prédécesseur. Il doit en plus composer avec le tempérament explosif d’Alix, son écuyère rebelle. Pendant ce temps-là, dans le royaume de Malebrune, Mnéfeth et son souverain préparent une nouvelle guerre contre les Lacs d’Argent. C’est sans compter son esclave Oyi, prête à fournir des renseignements aux Lacs d’Argent.

Le début de l’ouvrage m’a furieusement fait penser à une autre série, celle des Chevaliers d’Émeraude d’Anne Robillard. Au nombre des similitudes, on peut citer le nombre conséquent de personnages, écuyers comme chevaliers, le lien spécial unissant les écuyers à leurs chevaliers et qui forme l’un des piliers du récit, le nourrisson magique et d’allure insolite qui n’est autre que la fille d’un des ennemis et sera recueillie le Grand Maître de l’Ordre, un sorcier bourru et enfin, le point de départ même du récit : la refondation d’un Ordre de chevaliers de renom. Cependant, le récit révèle très vite sa propre personnalité. C’est tant mieux car je ne suis pas fan de la série de Robillard alors que j’ai hâte de lire la suite de celle-ci ! 

Dans ce roman, la psychologie des personnages est finement travaillée, en particulier celle de Oswald et de Alix. Il faut certes se faire à leur nombre un peu important mais l’ouvrage comporte un lexique de personnages qui permet de très vite s’y retrouver. Les relations entre les personnages sont tout aussi bien traitées. Les conflits personnels et réconciliations rythment le récit, qui contient par ailleurs son lot d’action. On assiste à plusieurs combats, décrits efficacement, sans s’attarder sur la violence, mais offrant leur lot d’émotions fortes. Certaines violences, non montrées, inciteront à bien respecter les indications d'âge de l'éditeur et à mettre ce livre dans les mains de jeunes adolescents plutôt que d'enfants. 

À ces personnages attachants, à ces combats trépidants, l’auteure ajoute une touche d’intrigue politique. Les manigances des personnages sont assez évidentes pour un lecteur adulte mais elles apportent une profondeur supplémentaire à l’univers et offriront une dose de suspense au public jeunesse auquel le roman est destiné.

La plume de Virginie Salobir est soignée, précise tout en étant accessible pour les jeunes lecteurs, et très agréable. La narration alterne entre plusieurs personnages, principalement Oswald et Alix, nous permettant de mieux comprendre leurs motivations et de nous sentir plus proches d’eux. On retrouve en fin d’ouvrage un glossaire des termes médiévaux pour découvrir ou se rappeler ce que sont les armoiries, les gisants ou encore les hallebardes. 

La couverture de cet ouvrage, d’un bleu profond, représente nos héros, un Cygne, symbole de leur Ordre, et certains de leurs adversaires. Très esthétique, la couverture de Patrick Connan apporte une dimension épique à l’ouvrage et donne envie de s’y plonger.

En résumé, Les Chevaliers de Camelote augure une série prometteuse, pleine de magie, de batailles et d’amitiés, et plaira aux jeunes amateurs de fantasy comme à leurs aînés.