Les Chroniques de l'Imaginaire

Apprivoiser la bête - Le Thanh, Taï-Marc

Avant de disparaître, la mère de Polly, lui a confié une mystérieuse gélule, fruit de ses recherche scientifiques, en lui recommandant de n'en parler à personne, et surtout pas à la police. L’adolescente va cependant commettre une imprudence : dissimuler la gélule sous un plombage. Interrogée par les forces de l’ordre, Polly réalise que le plombage a cédé et avale involontairement la gélule. Commence alors pour elle une lente transformation vers une créature mystérieuse. Polly est terrifiée par sa transformation, qui survient lors de vives émotions, mais aussi par les tueurs d’élite qui la poursuivent sans répit. 

Apprivoiser la bête est un roman à plusieurs voix. Contrairement à ce que mon résumé laisse présager, Polly n’est pas le seul personnage principal, ni la seule narratrice. L’histoire se découpe en trois parties, pour deux narrateurs adolescents. Sans trop en dévoiler, l’autre protagoniste du récit va être confronté aux mêmes ennemis que Polly et forcé d’accepter d’importants bouleversements dans sa vie. Les deux récits s’entrecroisent mais impossible d’en dire plus sans éventer quelques péripéties.

Or, le suspense est l’ingrédient phare de cet ouvrage. Les scènes d’action sont très nombreuses, haletantes et rappelant d’ailleurs certains films ou jeux-vidéos : fusillades, course-poursuites en voiture, évasions en tous genres ; tout ou presque est spectaculaire. La transformation même de Polly est impressionnante, elle qui ressemble plus en ces instants à un monstre de film d’horreur qu’à une super-héroïne. D’ailleurs, le lecteur se demandera peut-être, à une ou deux reprises, si la protagoniste ne risque pas de perdre son âme à force de transformations et de coups durs.

Avec ses scènes d’action réussies, Apprivoiser la bête aurait pu s’arrêter là et constituer déjà un roman d’aventures, à la sauce super-héros mutant, très réussi. L’ouvrage va cependant un peu plus loin en ajoutant une bonne dose de fantastique. Polly croit en effet être possédée par l’esprit de Lilith, sorte d’esprit féministe, sans que l’on puisse bien sûr déterminer bien entendu – dans un premier temps – s’il s’agit ou non de la réalité. Il comporte aussi de nombreuses réflexions sur le passage à l’âge adulte, les changements hormonaux, les premières amours, la prise d’indépendance par rapport à ses parents. 

La couverture, de Patrick Connan, reflète parfaitement le caractère à la fois étrange et intriguant de Polly, une fois transformée en plein cœur de la ville Lumière. L’intrigue se déroule en effet en majeure partie dans les rues de la capitale. Ce sera l’occasion pour les amoureux de la capitale de tester leurs connaissances des lieux et, pourquoi pas, pour les autres, d’en découvrir quelques-uns.

Ce roman plaira à tous les adolescents en quête d'une histoire rythmée, forte en émotions comme en action et avec une bonne dose de fantastique.