Les Chroniques de l'Imaginaire

Le dieu caché (Le dieu caché - 1) - Dubeau, J-F.

Dans la bourgade de Saint-Ferdinand, un Dieu vit caché dans une grotte. Un culte étrange dirige la ville. Un tueur en série terrorise la région depuis plus de vingt ans. Les habitants, étrangement habitués, ne laissent pas leurs enfants sortir le soir et s’efforcent d’être chez eux avant la nuit tombée.

Cet équilibre précaire est remis en cause avec la découverte de l’auteur des meurtres, Sam Finnegan, un vieil excentrique qui s’est livré à de bien curieux rituels avec ses victimes. Sam n’en démord pas : il agit au mieux pour la communauté. L’inspecteur Crowley n’est pas dupe sur ses réelles motivations mais bien content de mettre le meurtrier sous les verrous. Toutefois, les meurtres continuent, bien plus fréquents et brutaux que par le passé.

Pour les adolescents Penny, Venus, Abraham et Daniel, l’heure est venue d’élucider les mystères de Saint-Ferdinand et d’apprendre certaines vérités que les adultes leur cachaient, en essayant bien sûr de rester en vie. 

Le dieu caché est un roman choral. Chaque chapitre porte le nom d’un protagoniste que le narrateur externe va suivre plus particulièrement. Bien entendu, certains reviendront bien plus souvent que d’autres dans l’intrigue. Il en va ainsi de Venus, jeune fille en pleine crise d’adolescence contre ses parents baba cool, de Randy le médecin légiste, son oncle, de la sage Penny, sa meilleure amie, du sympathique Abraham, un de ses amis et bien sûr du père et du fils Crowley. À travers eux, c’est toute la ville que l’on découvre, les liens d’affinités et d’inimitié liant les familles et les secrets longtemps cachés. Les révélations courent d’ailleurs jusqu’à la dernière page. 

Je me suis laissée progressivement séduire par ce roman. Après un prologue énigmatique à souhait, situé dans le passé de la ville, on découvre la version moderne de Saint-Ferdinand à travers le regard de l’inspecteur Crowley, un homme aimant sa ville et son fils mais au tempérament pour le moins sanguin et qui n’est pas mon personnage préféré. Ce n’est qu’à l’introduction dans le récit des personnages adolescents, bien plus sympathiques, que je suis davantage entrée dans l’histoire. On en vient en effet vite à redouter ce qu’il pourrait leur arriver et ce d’autant plus que les scènes de tueries se font de plus en plus fréquentes et épouvantables. 

Ces passages sont d’ailleurs finement décrits. Ils mettent l’accent sur le caractère sanglant et physiquement répugnant des meurtres. Cependant, ils parviennent à ne pas inspirer que du dégoût au lecteur mais aussi à faire frémir devant les conséquences encore plus catastrophiques de la mort sur un territoire contrôlé par un dieu. Ainsi, ce roman mêle plusieurs sortes d’horreur : le gore, le surnaturel mais aussi la violence bien humaine déployée par certains des habitants de Saint-Ferdinand. Les âmes sensibles sont priées de ne pas passer par cette ville !

Le rythme est aussi bien trouvé. Le suspense va crescendo. J-F. Dubeau ralentit un peu la cadence au deux-tiers du roman, le temps de creuser un peu plus les relations entre certains personnages, avant de les soumettre impitoyablement à un dénouement qui ne les laissera pas indemnes. 

En conclusion, Le dieu caché ravira tous les amateurs de village glauque, hanté par les secrets et la violence.