Les Chroniques de l'Imaginaire

Le mystère de Hamilton House - Pontacq, Marie & Cabidoche, Marine

Emily est bouleversée d’avoir traversé la moitié du monde pour se retrouver en Angleterre. Elle qui a grandi en Inde, dans un environnement chaud et accueillant, dorlotée par sa nourrice, supporte mal de vivre à présent en Angleterre, où la pluie et le froid sont au rendez-vous et où elle doit tolérer la présence d’une redoutable gouvernante, Miss Severn.

Elle n’est malheureusement pas au bout de ses peines car elle découvre qu’une personne s’en prend aux poupées de sa sœur cadette, Lizzy. Les têtes sont décapitées ! Emily décide de mener l’enquête avant que la pauvre Lizzy ne s’aperçoive des « meurtres ».

Le mystère de Hamilton House suit donc les aventures d’Emily, une enfant intelligente, perspicace qu’on sent au seuil de l’adolescence. Elle se rebelle contre les changements drastiques d’existence qu’on lui impose mais développe au fil du récit une capacité à la prise de recul et à l’introspection. Il est très appréciable de suivre une héroïne aussi entière, drôle par ses prises de position au départ catégoriques, puis de plus en plus touchante à mesure que les événements la font grandir. Les jeunes lecteurs compatiront sans mal à ses déboires avec l’austère Miss Severn ou à son sentiment d’être parfois exclue de la vie de son père.

À travers son enquête, Emily nous présente les membres de la maisonnée mais aussi surtout ce qui forme son petit monde : son amour pour l’Inde et pour sa sœur, ses journées rythmées par ses cours ennuyeux et quelques temps libres. L’enquête en elle-même est très bien menée. Elle progresse assez rapidement pour ne pas frustrer les jeunes lecteurs mais ménage efficacement son suspense. L’identité de l’auteur des dégradations n’est pas évidente dès le départ, le motif de ses actes non plus. 

Au passage, l’enquête sensibilise subtilement à de grandes questions contemporaines, comme le devenir d’objets appartenant à une culture et récupérés par d’autres cultures lors de périodes de colonisation. Deux pages de notes en toute fin d’ouvrage permettent d’apporter quelques éléments de contexte historique supplémentaires aux plus curieux.

Le style d’écriture de Marie Pontacq est agréable et accessible aux jeunes lecteurs sans être simpliste. On n'est guère étonné de découvrir qu'elle a vécu plusieurs années en Inde, étant donné la tendresse des descriptions qu'elle fait de ce pays.

Mention spéciale à la couverture et aux illustrations réalisées par Marine Cabidoche, qui donnent vie à l’œuvre et en retranscrivent fidèlement l’atmosphère. J’ai particulièrement aimé la couverture, qui rend bien le tempérament des protagonistes, de l’air circonspect d’Emily à celui doux et serein de Lizzy, en passant par le caractère plus soucieux de leur père. La première illustration, en double page, qui présente l’ensemble des membres de la maisonnée, est aussi un régal pour les yeux.

Le mystère de Hamilton House est un roman d’aventures qui plaira aux petits lecteurs adeptes de mystères, d’enquêtes, d’Angleterre ou de culture indienne.