Cette année, la réunion des clans, le Jamboree, a lieu au Val Velu. Bien sûr, comme il faut nourrir tout ce monde, la chasse est quotidienne. Mais le jour où Loutre Pas-d'étoiles est chef de chasse, l'invité d'honneur, le dynaste Aspic Fumée-Rouge, disparaît : la peau de bison qu'il portait pour s'approcher discrètement de la proie choisie s'effondre au sol, vide, sous les yeux horrifiés de Loutre, puis des autres chasseurs. Pris de panique, tous retournent au Val, convaincus que le Souffle Boréal a emporté le dynaste. Le soigneur du clan des Ronces, Collembole N'a-qu'un-oeil, ne peut croire à cette explication surnaturelle. Aussi se rend-il sur les lieux afin de relever les indices permettant d'élucider le mystère, et éventuellement retrouver le disparu.
Pendant ce temps, une corvée de bois de treize personnes est partie le long du cours d'eau. Douze affolés reviennent, en disant que Jonquille A-Demain a disparu, clairement enlevée par le Souffle elle aussi. La cheffesse du Val Velu envoie immédiatement des émissaires pour rappeler N'a-qu'un-oeil et sa troupe, pendant que Pecten, vicaire des Souffles du clan du Sable et du Sel, prépare la grande Cérémonie d'Apaisement à laquelle tous devront assister.
Situé pendant l'Aurignacien, cet assez classique who-dunnit vaut justement par l'originalité de la période et des personnages choisis, et par le contraste entre l'étrangeté de ceux-ci et la ressemblance indéniable qu'ils présentent avec nos propres contemporains : chacun d'entre nous connaît inévitablement une ado fouineuse et un "théoricien" avide de convaincre tous ceux qui ont la malchance de le croiser, par exemple... Par ailleurs, les méthodes employées pour commettre les meurtres sont ingénieuses.
Le style est vif, plein d'humour, et les personnages sont bien caractérisés, par un auteur qui ne se prend pas au sérieux. Ceux qui auraient lu ses recueils de nouvelles précédents apprécieront celles qui, sous la forme de "contes de coin du feu", s'intercalent entre chaque chapitre. Dans certaines d'entre elles, on retrouvera des chansons ou des poèmes transformés.
Les clins d'œil aux classiques du genre (d'une certaine façon, la disparition d'Aspic évoque irrésistiblement, par son impossibilité manifeste, le meurtre en chambre close bien connu), comme à ceux de la culture populaire ou traditionnelle (par exemple "Il était une petit' femme, Silhouette de squelette, Il était une petit' femme...", ça ne vous rappelle rien, en terme de rythme ?) sont caractéristiques du style de l'auteur. Si vous avez aimé les œuvres précédemment parues, et que vous avez l'occasion de vous procurer cette incursion dans un genre différent d'un auteur original et talentueux, n'hésitez pas !