Les Chroniques de l'Imaginaire

Boris Vian (Galaxies SF - 68)

Ce numéro est le premier de la nouvelle formule de Galaxies qui voit l’introduction d’une nouvelle rubrique : Le Grand Article, un essai de plusieurs dizaines de pages (65 dans ce numéro) traitant d’un sujet particulier, en l’occurrence pour ce numéro, la pandémie, dans notre réalité, et dans la science-fiction. Ou "Quand la réalité dépasse la fiction…"

Ce numéro rend également hommage à deux grands noms de la science-fiction : Boris Vian, dont on célébrait le centième anniversaire de la naissance, et Alain le Bussy, qui nous a quittés il y a tout juste dix ans.

Les nouvelles :

Que restera-t-il de ton âme de Sylwen Norden
2e prix Prix Alain Le Bussy
Une shamane en fin de vie se souvient de ses voyages et surtout de la découverte d’un coffre, d’êtres étranges, mâles et femelles, et de cette inscription incompréhensible : L’Homme : un projet d’avenir.
Une histoire pleine de mystères et de poésie, agréable à lire.

Confinement de George Bragadireanu
A l’âge de huit ans, tout être humain reçoit sa parcelle d’un kilomètre carré où il va alors vivre seul, complètement seul, en autonomie la plus complète. Plus aucun contact n’est permis jusqu’à la maturité totale. Toute personne qui réussit le test de maturité, au bout de trente-quatre années de solitude, pourra alors entrer dans une solitude partagée avec d’autres, pour continuer à maintenir la société.
Mais les tests sont implacables, et peu de personnes les réussissent…
Une histoire terrible, qui trouve un écho particulier en 2020, où nous savons ce qu’est un confinement, heureusement pas aussi drastique que celui-là.

Le carnet du Voyageur Immobile de Bert Domeh
Quelques dessins fantasmagoriques illustrent ce carnet. Probablement magnifiques en version papier, ils sont plus difficiles à apprécier en version numérique.

Nouvelles en bonus dans la version numérique :

Le protocole de Frével de Olivia Cabanaz
Un commissaire est contacté par une femme étrange qui a découvert que certaines personnes étaient victimes de déviations temporelles. Ce qui expliquerait par exemple comment a pu mourir une jeune adolescente dans un parc, transpercée par des bambous ayant poussé à travers son corps, alors qu’elle n’était pas là la veille.

Le frère de mon père de Perrine Maurel
A la suite d’une défaillance de ses extensions mnéniques, un homme a la capacité de voir des choses mortes, c’est-à-dire des souvenirs, ceux qui ne sont pas stockés dans les implants. C’est comme s’il lisait dans les pensées les plus secrètes et les plus inavouables des gens. Le frère de son père (il refuse de l’appeler son oncle) est une personne immonde. Il sait pourquoi sa cousine, la fille du frère de son père, s’est suicidée. Il connaît la vraie raison. Il ne peut pas le dire. Mais il peut la venger.

Paradisio de Simon Boutreux
Paradisio est une île qui mérite son nom : plage, luxe, nature, tout est prévu pour un repos bien mérité.
Bernard est venu y chercher le repos, la détente, la sérénité. Mais ce n’est pas si facile que cela le paraissait. Il n’arrive pas à lâcher prise. Sa rencontre avec Jim va lui permettre d’extérioriser ses ressentis. Quelque chose ne va pas et la chute de l'histoire nous le confirmera.

Rêve de mort de Paul Hanost
Un écrivain mort rencontre des Sharkas, des hommes-félins, exactement comme dans les romans qu’il écrivait de son vivant.
La nouvelle qui m'a le moins plu.

Dossiers :

Boris Vian et la Science-Fiction
Où l’on découvre comment, dans les années 50, Boris Vian imaginait l’an 2000.
Lea Grivoust reprend habilement les romans, les écrits, les nouvelles de Boris Vian abordant la science-fiction, ainsi que ses traductions libres de grands écrivains de SF.

Une des nouvelles traduites par Boris Vian est insérée dans ce dossier. Il s’agit de Les Vivisculpteurs de Wallace West, l’histoire de professionnels dont le métier est de préparer des corps parfaits pour des personnes très riches ayant les moyens de s’offrir un nouveau corps quand le leur commence à défaillir.

Le danger des classiques de Boris Vian
Une histoire écrite dans les années 50, pleine de poésie et de surprise qui parle de robot-poète à qui l’on veut faire ingurgiter toute l’Encyclopédie, mais aussi d’amour et des relations hommes-femmes d’une façon tout à fait inattendue. Délicieusement vieillot !

Qu’est-ce qu’il faisait, le jeune docteur Frankenstein en mai 1981 ? Et en mai1968 ? de Jean-Pierre Andrevon
Ce texte prolonge le dossier du n°67 « Mary Shelley et Frankenstein » mais comme on y croise Boris Vian dans ses lignes, il a été inséré dans ce dossier.
Ce texte retrace des événements réels survenus en 1981 et en 1968, ou à d’autres dates. Je n’ai personnellement pas aimé ce texte, car n’en ai pas compris la teneur. Quel est le lien entre Frankenstein et l’élection de François Mitterand ? Est-ce une nouvelle ? Un essai ?

Dossier n° 2 : Hommage à Alain Le Bussy

Croisière au long du fleuve de Dominique Warfa
L’auteur retrace ici la relation entre Alain Le Bussy et les maisons d’édition et notamment la célèbre collection Le Fleuve Noir.

Le garçon qui écrivait plus vite que son ombre de Laurent Whale
Pour les soixante ans d’Alain Le Bussy, son fils eut l’idée de demander à ses amis écrivains d’écrire une seule nouvelle pour lui.
Cette nouvelle fait partie de ce recueil tiré à quelques exemplaires seulement.
Un journaliste affronte divers obstacles pour pouvoir enfin interviewer El Verbisator, celui qui écrivait plus vite que son ombre.

La vérité sur les changements climatiques d'Alain Le Bussy
Une nouvelle écrite en une nuit, suite à un pari avec des amis qui plaisantaient sur sa rapidité d’écriture.
Un scientifique essaie de trouver des liens entre l’activité humaine et le réchauffement climatique mais sans succès. Il rencontre un professeur, très intéressé par ses recherches. Mais ce professeur en sait bien plus qu’il ne le dit, et la vérité n’est pas du tout celle que l’on croit.

Le Grand Article :

Covid et Science-Fiction / Résilience et renaissance de Jean-Michel Calvez

Dans cet article, l’auteur fait le parallèle entre les romans de science-fiction et d’anticipation et la réalité. Comment les auteurs de SF voient l’avenir, ou le voyaient il y a quelques dizaines d’années, et comment la réalité s’est calquée, ou non, sur leur imagination.

La première partie de l’essai, écrite avant 2020, ne parle que très peu de pandémie.

La seconde partie est essentiellement consacrée au parallèle entre les romans de SF et la situation mondiale actuelle. L’auteur liste les romans de SF, pré ou post-apocalyptique, parlant de pandémie mondiale en comparant les situations avec notre vécu. Beaucoup de situations se ressemblent, annonciatrices de l’année 2020 dans plusieurs romans, Mais tous diffèrent sur un point : les médias continuent à nous (sur)informer. Nous ne sommes pas coupés du monde, livrés à nous-mêmes.

Les romanciers ont écrit la violence, les complotistes, les ruptures de stock de sucre (mais pas de papier toilette !), les familles déchirées, les décisions difficiles à prendre, les gouvernements affaiblis, l’économie mondiale effondrée…

En revanche, l’auteur ne connaît aucun roman traitant de l’après. Comment se remettre de cela ? Comment retrouver une vie ressemblant le plus possible à celle d’avant ?

Un article d’une actualité brûlante et très intéressant.

Articles :

Quelques articles closent ce numéro.

Interview du critique Vassili Vladimirski : cet important critique littéraire russe expose ici les auteurs qui, selon lui, sont les plus représentatifs des littératures de l’imaginaire post-soviétique.

Série-Graphies 1
Cette rubrique propose, deux fois par an, une analyse transversale d’un thème particulier, au travers d’une série notable, via les livres mais aussi les séries télévisées, le cinéma. Cette rubrique est consacrée à Philip K. Dick, puis à la série Dark, et se termine par un interview de Romain Dasnoy.

Les traditionnelles rubriques Notes de lecture et Deux mois de cinéma F et SF concluent ce numéro.