Suite à la disparition de ses parents, Elfie, onze ans, vit chez sa tante et son oncle, avec sa sœur Magda, douze ans. Tandis que Magda file droit en ayant tout d'une fille, Elfie a une imagination débordante, inventant des histoires qui la passionnent, bien loin de ses devoirs de maths, au grand désespoir de sa tante. Il faut bien le reconnaître : Elfie tient franchement de sa mère, sur ce point, et sa tante n'hésite pas à le lui rappeler régulièrement, peut-être de façon un peu maladroite.
Toujours est-il que les choses vont changer, grâce à Louette, la troisième sœur d'Elfie et Magda, qui vient d'atteindre sa majorité. Louette vient d'investir toutes ses économies dans un bus un peu hors-norme : c'est un bus rouge, anglais, qui n'est autre qu'une librairie ambulante, appelée Le livre qui pue, en référence à un curieux livre sur les fromages du pays, dont chaque page parfume le fromage en question... Louette annonce à sa tante, furieuse, qu'elle a maintenant la garde d'Elfie et Magda. Si Elfie en est ravie, Magda a bien des hésitations. Pour autant, elle fait le choix de rester avec ses sœurs...
Après ces retrouvailles, les trois sœurs décident de se rendre en Bretagne, à Kermalo exactement, une petite île pouvant être inaccessible à cause de la marée, où les filles avaient l'habitude d'aller en vacances, avec leur mère, à l'époque... La nostalgie est bien présente, mais elle est vite remplacée par de la curiosité, avec ce petit village dans lequel un malaise semble bien présent... C'est Ronan, un jeune garçon qui vit à Kermalo qui leur raconte d'où vient ce malaise... Ses deux grands-pères sont les pires ennemis du monde, depuis une sombre histoire de perte d'un timbre de collection par l'un d'entre eux... A présent, la population a le choix d'être du côté de l'ancien facteur, soit de celui de l'actuel épicier. Et le choix est important, pour ne pas perdre tel ou tel service !
Alors que Magda a du mal à s'adapter, avec une infirmité qui n'y est sans doute pas étrangère, la jeune Elfie va mener sa petite enquête. Et pour cela, un grimoire qui lui a été offert par sa mère va considérablement l'aider. Un Grimoire magique qui semble se nourrir d'histoires qu'Elfie va y écrire, pour donner vie à des êtres qui vont lui être d'une aide précieuse...
Attention : chef d'œuvre, ou presque ! L'Île Presque, premier tome de cette série Le Grimoire d'Elfie, qui paraît chez Drakoo, est une bande dessinée que l'on dévore de bout en bout, et ce dès la première page. Sur la forme, déjà, on a un livre très soigné, à la couverture très colorée, qui reflète parfaitement le ton des planches qu'on va trouver tout au long de notre lecture. On s'attache immédiatement aux personnages des trois sœurs, toutes très différentes, et on se retrouve plongés, avec beaucoup de plaisir, dans cette ambiance bretonne très sympathique, même si elle est un peu pesante, pour les besoins de ce scénario.
Christophe Arleston est ici associé à Audrey Alwett, pour un scénario qui sort du contexte habituel de l'auteur de Lanfeust de Troy et de ses séries annexes, et cela fait vraiment du bien de retrouver un scénario différent, qui nous replonge dans le monde de l'enfance et de l'adolescence, en fonction de qui on suit.
Il est à noter que les dessins de Mini Ludvin et les couleurs de Hélène Lenoble sont vraiment à saluer : c'est beau, fin, détaillé. Les planches ont une véritable identité graphique, et chaque case fait l'objet de beaucoup de soin et de précision. Cela paye, et nous aide vraiment à entrer dans cet univers qui emprunte aussi à la magie.
Ce premier tome de Le Grimoire d'Elfie est une franche réussite, un premier tome qui aura réussi à nous transporter et à nous faire voyager, en bien jolie compagnie. Les personnages sont attachants, et auront à se mêler d'histoires d'adultes, avec des moyens assez différents, et tout à fait bien trouvés. A mettre entre les mains de tout le monde, au sein de la famille !
