Sachant qu'elle a longtemps rêvé de passer leurs vacances dans la villa des Colonnades, Jean Andler propose à sa femme de la louer effectivement pour y passer le mois d'août. Elle va la visiter, et son amant vient l'y rejoindre. Elle va devoir décider si elle veut véritablement la louer, ou pas.
Cette pièce de théâtre est assez représentative du style et des préoccupations de son autrice. Elle vise à représenter ce qui échappe : la vérité dans les mensonges, l'amour dans la vie d'un couple désassorti, ou entre des amants plus encore étrangers l'un à l'autre, l'amitié entre deux femmes rivales, le plaisir et le désir dans une vie plate, la possibilité de liberté dans tout cela. Il s'agit de dire le rien, tout en disant autre chose.
Cela peut être frustrant à lire, mais c'est aussi une véritable performance littéraire, même si l'expression du rien, et l'inconnaissabilité des personnages sont ici poussées très loin. C'est sans doute à réserver aux fans de l'écrivaine.
L'édition présentée ici, prévue pour coïncider avec la sortie du film éponyme de Benoît Jacquot le 13 janvier 2021, bénéficie non seulement d'un avant-propos du réalisateur expliquant son rapport à la pièce et à son auteure, mais aussi d'une préface de Jean Cléder et d'un appareil critique (biographie de Duras et notes) complets et intéressants.