C'est grâce à l'argent dédié à la rénovation de L'Oiseau Rare qu'Eugénie et les deux frères, Constantin et Lucien, ont pu payer la caution qui a permis de libérer Tibor de prison. A présent, la communauté qu'ils représentent se retrouve totalement désargentée, et avec des dettes à payer, qui plus est, au niveau des trafiquants d'animaux... Mais la bonne occasion est sur le point de se présenter, avec la rencontre entre Eugénie et Sarah Bernhardt, rien qu'elle, qui est prévue pour ce soir...
Ainsi, comme convenu, Eugénie parvient à réciter le monologue de Figaro devant l'illustre comédienne. Celle-ci est vexée, mais elle est bien obligée de reconnaître sa défaite : elle donne rendez-vous à Eugénie dès lundi, pour commencer à être à son service. Eugénie est contente, même si elle ne sait pas encore dans quelle mesure elle va être accompagnée par Sarah Bernhardt.
Et alors qu'elle va vite se retrouver coincée à aider les servantes de la comédienne, toutes sous les ordres d'un majordome zélé, c'est Constantin qui a maintenant un comportement étrange. Il passe ses nuits à jouer, en trichant, avec un bourgeois avec lequel il s'est acoquiné. Lucien est au courant, mais Tibor déplore que Constantin ne lui parle plus. Eugénie ne peut que comprendre ces cachotteries, en voyant celle qui lui a été faite par Tibor, au sujet d'Arthur...
Bientôt, Eugénie parvient à rendre le majordome malade, et à le faire renvoyer par Sarah Bernhardt. C'est un Tibor physiquement transformé qui va décrocher le poste du remplaçant. Sarah Bernhardt ne le sait pas encore, mais une véritable toile d'araignée se tisse autour d'elle, sous l'impulsion d'Eugénie. Un piège qui va pouvoir prendre forme, à cause de son envie de posséder tous les animaux sauvages qu'elle croise. Un piège qui va aussi se nourrir des frasques nocturnes de Constantin...
Ce second tome de L'Oiseau Rare vient clore un très joli diptyque, scénarisé à quatre mains par Cédric Simon et Eric Stalner, et dessiné par ce dernier. La série aura pris le temps de livrer peu à peu ses secrets, jusqu'à un piège final du plus bel effet, qu'il aura été difficile de voir venir. Comme dans le premier tome, les personnages sont attachants : sur un fond de secret de famille, on suit Eugénie, qui parvient maintenant à surprendre à la fois Tibor, et le lecteur lui-même, avec un plan savamment orchestré.
L'occasion est belle de redécouvrir les traits réalistes inimitables d'Eric Stalner : encore une fois, le tome permet de se retrouver dans la zone qui entourait la capitale, en nous transportant en l'an 1899, un an après les événements du premier tome. Eric Stalner a entrepris des recherches pour rendre la série convaincante, et cela se ressent parfaitement ici.
L'Oiseau Rare est une bien jolie série qui se clôture ici : elle aura été une lecture appréciée et enrichissante, en mettant en scène des personnages attachants et malins, et une Sarah Bernhardt qui est plutôt montrée comme la "méchante" de la série, et qu'on adorera pour autant voir évoluer ici. Par ailleurs, l'aspect historique est tout aussi réussi, avec ce Paris-là, qui était bien différent de la ville que l'on connaît aujourd'hui.
