William Weston est journaliste, et son employeur officiel, le Times Post, l'envoie pour une série de reportages en Ecotopia. Comme il est le premier Américain à être autorisé à s'y rendre depuis que ces anciens états ont fait sécession, vingt ans auparavant, le président des USA lui demande également d'ouvrir l'oeil pour rapporter le maximum de renseignements.
Will Weston, une fois sur place, rédige une série d'articles portant sur l'ensemble de la société écotopienne, de son organisation de l'éducation, de la santé et du travail à sa gestion des transports, des forêts, et plus généralement des ressources. En parallèle, il rédige un journal intime où il parle de ses rencontres, et de la façon dont celles-ci, et plus largement les rapports humains en Ecotopia, bousculent ses convictions et attitudes profondément ancrées.
Certains aspects de ce roman qui datent de près d'un demi-siècle sont étonnamment actuels, à commencer, bien sûr, par les solutions écologiques qui y sont décrites. A l'heure où expert.e.s du climat et écrivain.e.s essaient de s'atteler à la mise en histoires d'alternatives à notre mode de vie hyper-consumériste, j'ai trouvé à la fois encourageant et un peu désespérant de découvrir ce roman, dont je n'avais jamais entendu parler, qui s'inscrit parfaitement dans cette mouvance.
D'autres points m'ont paru assez typiques de leur époque. La notion de l'éducation des enfants partagée au sein de communautés autant amicales que familiales, comme, sur le plan professionnel, le choix de l'autogestion, par exemple, m'ont vivement rappelé des débats et expérimentations qui avaient cours dans les années soixante-dix. Cela ne signifie pas qu'il ne soit pas intéressant ou pertinent de les remettre à l'ordre du jour !
Le rythme est lent, bien sûr, l'action quasiment absente de l'histoire, cette dernière étant d'ailleurs réduite à sa plus simple expression, à savoir les affaires sentimentales et sexuelles du narrateur. Il s'agit clairement d'un roman à thèse, et si j'ai trouvé intéressant le sérieux évident avec lequel l'auteur a réfléchi sur la transition d'un système politico-économique à un autre, ses conséquences, et la façon de s'y préparer, un lecteur ou une lectrice moins intéressé.e par le sujet est susceptible de s'y ennuyer.
Il n'en reste pas moins que cette réédition en français, et au format poche, est une excellente initiative de la part de l'éditeur, surtout qu'elle est agrémentée d'une préface bienvenue exposant le contexte de l'écriture, et quelques éléments biographiques sur son auteur.