Nous sommes au XVIIIeme siècle et l’île est sous l’emprise du Danemark. Les Danois extorquent les ressources des Islandais et maintiennent les habitants sous leur pouvoir.
Dans cette Islande soumise un jeune garçon sort du lot : Grimr. Il est orphelin, fils de celui qu’il appelait simplement papa, donc fils de personne dans ce pays où la filiation est ce qui définit un homme.
Mais il est fort comme un bœuf, et cela attire l’attention de Vigmar le Valeureux (le Voleur en réalité), un marginal. Il décide de le prendre sous son aile et de lui inculquer les valeurs d’un Islandais. C’est lui qui va aider Grimr a poser les fondations de son existence en commençant par lui donner un nom : Grimr Enginsson, c’est-à-dire Grimr fils de personne.
Vigmar l’initie aux récits nordiques, les fameuses sagas, faits de héros braves et charismatiques. Grimr, avec sa force et son courage, pourrait bien rejoindre les rangs de ces personnalités emblématiques. Mais pour cela, il a encore besoin du soutien de son ami Vigmar, qui lui apporte la réflexion et la patience et contrebalance la fougue et l’impulsivité du jeune homme. Jusqu’à ce que le destin décide qu’il est temps que Grimr forge sa réputation seul.
Il trouvera ensuite une place auprès de gens pauvres, comme tous les Islandais à l’époque. Il se rapprochera de la famille qui vit en haut d’une colline, isolée du village, protégée et maudite à la fois par Korl le Coléreux, qui empêche les hommes de s’approcher des femmes de la ferme.
Il leur fait la promesse de vaincre Korl le Coléreux. Il sait qu’il rentrera dans la légende.
Plus que jamais, il est déterminé à démontrer sa valeur, quitte à effleurer l’amour et à subir l’injustice. Sans ressentiment, il compte prouver aux yeux de tous de quoi il est capable.
La saga de Grimr est une immersion totale dans d’autres temps, d’autres lieux, d’autres mœurs, proches de ce qui a vraiment existé, mais avec cette dimension romanesque et poétique qui apportent le souffle épique propres aux légendes. On se laisse porter par le destin exceptionnel de Grimr, partageant ses pertes de repères, ses déceptions, et la quête de son identité. Jusqu’au dénouement puissant, d’une beauté à couper le souffle.
Les planches de Jérémie Moreau suivent le mouvement, les couleurs sont froides, les traits rugueux. L'esthétique est totalement en accord avec l’ambiance et le décor.
C’est un très bel album, qui suscite de nombreuses émotions fortes, et dont on sort ému. Un coup de cœur !